Marianne Belgique, édition belge de l'hebdomadaire français, sort son premier numéro samedi, un pari audacieux dans un pays où le lectorat francophone est limité et la presse écrite en difficulté.

«Osons» est le mot d'ordre lancé par les promoteurs de Marianne Belgique, dont des intellectuels, comme Elie Barnavi, et des entrepreneurs ayant «la volonté de casser le couple politico-médiatique traditionnel» du royaume, explique Benoît Remiche, le directeur de la publication. «Nous voulons être moins consensuels que le reste de la presse belge», précise-t-il à l'AFP.

L'idée de cette première édition hors de France n'a pas été initiée par l'hebdomadaire créé en 1977 par Jean-François Kahn et Maurice Szafran. Mais «il accompagne notre projet et nous accorde un fort soutien», selon M. Remiche, ex-président du groupe de télécom Belgacom et fondateur d'une société d'organisation d'expositions.

Marianne Belgique reprend ainsi la maquette et la ligne éditoriale de l'hebdo français, mais en l'adaptant à l'actualité du royaume. 32 pages sur 100 seront ainsi créées par l'équipe rédactionnelle dirigée par Pascal Vrebos, animateur de l'une des principales émissions politiques de la télévision belge.

«Nous allons essayer d'être rebelles et interrogateurs à un moment où la Belgique traverse une forte période d'incertitudes et où les francophones ont du mal à se projeter dans l'avenir», explique M. Vrebos. «Nous serons également fidèles à l'épicurisme que cultive Marianne, qui ne veut pas être un journal ennuyeux».

Les pages belges sont écrites par quatre journalistes, une quinzaine de pigistes et de nombreux chroniqueurs «venus d'horizons différents».

Vendu 3,80 euros et disponible sur tablettes, Marianne Belgique sera tiré à 55 000 exemplaires les premières semaines. «Nous espérons ensuite tourner autour de 15 à 20 000 exemplaires vendus et atteindre l'équilibre en trois ans», précise M. Remiche. «Nous sommes confiants mais si l'échec est retentissant, nous ne nous acharnerons pas».

Le marché belge est limité puisque le royaume ne compte qu'environ 4,5 millions de francophones. Mais le taux de pénétration des news magazines y est l'un des plus faibles d'Europe, à 18 pour 1000 contre 36 pour 1000 en France. Le seul hebdo francophone généraliste est Le Vif, qui offre une partie du contenu de L'Express, propriété comme lui du groupe belge Roularta.

Le lancement de l'édition belge fera un peu diminuer les ventes de Marianne, qui ne sera plus présente dans les kiosques du royaume, où il vend entre 3000 et 10 000 exemplaires par semaine.