Natalie Nougayrède est devenue la première femme à accéder à la tête du journal Le Monde après avoir été adoubée vendredi à une forte majorité par les membres de la Société des Rédacteurs du Monde (SRM).

Sa candidature a été approuvée par 79,4% des suffrages exprimés, très au dessus des 60% requis.

La journaliste de 46 ans succède à Erik Izraelewicz, brutalement décédé en novembre dernier. Elle a réaffirmé vendredi, devant les rédacteurs du Monde réunis en Assemblée générale, son désir «d'excellence» pour le journal et appelé à relever tous les défis du numérique.

Le score obtenu par Natalie Nougayrède a provoqué une surprise à la SRM, beaucoup s'attendaient à un résultat plus serré. La participation a été particulièrement forte, approchant les 90% des inscrits.

Natalie Nougayrède avait été choisie par les actionnaires du quotidien, Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, parmi quatre candidats internes au journal, Alain Faujas, Arnaud Leparmentier et Franck Nouchi. Ce choix devait ensuite être soumis aux votes des 450 membres de la SRM.

Le précédent directeur, Erik Izraelewicz, avait obtenu près de 74% des suffrages, ce que n'a pas manqué de relever Pierre Bergé dans un tweet remarqué: «Natalie Nougayrède devient la 1re femme à diriger le journal Le Monde. Élue à près de 80%, Izraelewicz n'avait obtenu que 73. Bravo».

Jeudi, Mme Nougayrède avait reçu le soutien du Conseil de gérance de la SRM qui considérait que, «par son parcours et son expérience du terrain, elle est reconnue en France comme à l'étranger». Selon lui, «sa compréhension des enjeux internationaux l'aidera à déployer Le Monde sur tous ses supports», imprimés et numériques.

Continuité

Mme Nougayrède a fait ses premiers pas au Monde en 1996, où elle a été successivement correspondante en Ukraine et à Moscou. Elle a rejoint ensuite la rédaction parisienne au service étranger.

Elle a reçu en 2005 le prix Albert-Londres pour ses reportages en Tchétchénie et sa couverture de la tragédie de l'école de Beslan.

Avant de s'assoir dans le prestigieux fauteuil, occupé  de 1944 à 1969 par Hubert Beuve-Méry, fondateur du titre, Natalie Nougayrède devra être formellement installée dans ses fonctions par le Conseil de Surveillance du Monde qui doit se réunir le 6 mars.

Selon les statuts du quotidien, rappelé jeudi par le Conseil de gérance de la SRM, «le directeur du journal incarne Le Monde et ses valeurs. Il est le seul responsable de la stratégie éditoriale et des contenus. Il lui incombe de procéder aux embauches ou aux nominations sans subir aucune pression. Il n'a pas non plus à rendre compte de ses choix éditoriaux devant les actionnaires, la gestion, ou la publicité».

Désignée pour un mandat de six ans, Natalie Nougayrède avait annoncé s'inscrire dans la continuité d'Erik Izraelewicz qui avait lancé la refonte du journal, le magazine M, les nouveaux cahiers hebdomadaires, le rapprochement des équipes du Monde et du Monde.fr, ainsi que l'impression simultanée à Paris et en province.

Si Le Monde a vu sa situation financière se redresser depuis sa recapitalisation et l'arrivée des nouveaux actionnaires, la diffusion de sa version imprimée a connu une nouvelle érosion en 2012, avec une diffusion France payée (DFP) en repli de 1,59% à 288 113 exemplaires en moyenne et une diffusion totale (France et internationale) à 325 295 exemplaire (moins 2,17%).

En revanche l'activité numérique reste prospère, le site lemonde.fr, sur le seul mois de janvier 2013 a enregistré 63,34 millions de visites (61,71 en janvier 2012) avec 279,82 millions de pages vues contre 210,23 millions un an plus tôt, selon les chiffres de l'OJD.