Pas question d'avoir un quota de nouvelles régionales au Téléjournal, a répété Radio-Canada aujourd'hui à la clôture des audiences publiques du CRTC sur le renouvellement de ses licences.

«Il n'y aura pas de chiffre. Je suis inconfortable (avec des quotas de nouvelles régionales)», a répondu Hubert Lacroix, PDG de Radio-Canada, aux conseillers du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Plusieurs organismes de francophones vivant dans le reste du Canada demandent au CRTC d'imposer des quotas de nouvelles régionales au Téléjournal en soirée.

«Comme journaliste, c'est impossible d'accepter des pourcentages, dit Michel Cormier, directeur général de l'information à Radio-Canada. Le Téléjournal n'est pas un bulletin de nouvelles traditionnel. À 22h, on essaie de faire un regard approfondi sur l'actualité qui n'est pas un résumé de la journée. Certains jours, ça veut vouloir dire de faire 10 minutes sur la Syrie.» La Fédération professionnelle des journalistes du Québec s'oppose aussi à l'imposition d'un quota de nouvelles régionales au Téléjournal. «Nous sommes pour le reflet des diversités régionales, mais nous voyons mal le but qu'un quota atteindrait outre d'imposer des choix éditoriaux à Radio-Canada et de sacrifier des nouvelles d'intérêt national certains soirs», dit son président Brian Myles.

Si Radio-Canada ne veut pas que le CRTC touche à la composition du Téléjournal, le diffuseur public a accepté que le tiers des nouvelles à RDI traitent de sujets régionaux et soient produites à l'extérieur de Montréal. «RDI est plus flexible», dit Michel Cormier. Depuis sa création en 1995, RDI doit diffuser le tiers de ses émissions à l'extérieur du Montréal, mais ses émissions de nouvelles régionales (ex.: l'Ontario en direct) ont été abolies pour être incorporées dans le bulletin de nouvelles en continu depuis quelques années. Il s'agit en quelque sorte d'une mise à jour de la réglementation.

Un film canadien par mois à CBC, mais pas à Radio-Canada

Pour répondre aux doléances des francophones vivant à l'extérieur de Montréal, Radio-Canada diffusera cinq heures par semaine d'émissions produites ailleurs que dans la métropole québécoise. Radio-Canada devra aussi diffuser sept heures de programmation d'intérêt national (des dramatiques, des documentaires, des galas et des spectacles qui sont produits au pays), contre neuf heures pour CBC. Actuellement, Radio-Canada et CBC diffusent environ 10 heures par semaine d'émissions d'intérêt national, mais les coupes du gouvernement Harper de 115 millions par année en 2014-15 se feront sentir à l'écran. CBC s'est montrée réfractaire à la suggestion du CRTC de garantir que 10% des émissions anglophones d'intérêt national de CBC soient produites à Montréal.

Par contre, CBC a accepté l'idée du vice-président du CRTC Tom Pentefountas de diffuser un film canadien tous les mois - mais pas Radio-Canada, prétextant des difficultés «d'harmoniser la grille». «Mais nous sommes engagés à l'égard du cinéma canadien», dit Louis Lalande, vice-président des Services français.

Radio-Canada, qui renouvelle ses licences pour la première fois en 12 ans, espère que le CRTC lui permette de diffuser de la publicité à la radio sur Espace Musique et Radio 2. Le diffuseur public propose d'étaler la pub à la radio (5 min/h les deux premières années, 7 min/h la troisième année, 9 min/h la quatrième année et aucune restriction à partir de la cinquième année).