Événement historique par sa forme et son ampleur, le conflit étudiant était l'un des thèmes majeurs du rendez-vous annuel des journalistes québécois, le congrès de la Fédération professionnelle des journalistes québécois, qui s'est fini dimanche.

Panéliste d'un atelier consacré à la couverture du printemps érable, l'ex co-porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois croit que les journalistes n'ont pas toujours bien saisi ce mouvement social d'un nouveau genre.

«Le mouvement étudiant a opéré un changement d'échelle politique. Pour comprendre le mouvement étudiant, il faut adopter une analyse plus fine, aller voir dans les marges», croit l'étudiant en histoire et en philosophie.

«Avons-nous bien couvert le conflit?» À cette question, une étude à paraitre de l'Université Laval apportera une réponse qui bat en brèche certaines idées reçues. Ainsi, La Presse, critiquée pendant le conflit, est le quotidien payant montréalais qui a réalisé la couverture la plus équilibrée des événements du printemps. Quant aux entrevues des émissions d'affaires publiques des grands réseaux d'information, elles ont également fait une place égale aux points de vue opposés sur la hausse des frais de scolarité.

Autre invité de la FPJQ, le directeur du Service de police de la Montréal, Marc Parent a encouragé les journalistes à dénoncer les «pommes pourries» qui se trouveraient parmi les agents du SPVM. Dans la foulée de l'affaire 728, Marc Parent s'est même prononcé en faveur de l'installation de caméras sur les voitures des patrouilleurs, pour filmer leurs interventions.

«Gabriel Nadeau-Dubois et Marc Parent ont fait face à la musique avec une belle humilité», estime Brian Myles, le président de la FPJQ. «On a des points de vue différents, mais on est capables de se parler».

Le 35e congrès s'est également penché sur les «murs payants» mis en place sur les sites internet des grands médias, au Canada, mais aussi aux États-Unis. L'introduction d'un abonnement numérique n'a pas rebuté les lecteurs du New York Times, dit Jim Roberts, assistant managing editor au grand quotidien new-yorkais. Les médias écrits devraient-ils se méfier des nouvelles technologiques? «Si vous faites seulement ce dans quoi vous êtes bon, vous n'évoluerez jamais», répond Jim Roberts.

Enfin, un an après la remise du rapport de Dominique Payette, qui recommandait la création d'un titre professionnel pour les journalistes, le ministre de la Culture Maka Kotto perçoit toujours un «flou conceptuel» au sein de la profession. Et ce n'est pas à l'État de prendre les devants, croit-il.

«L'État ne peut décider qui peut prendre la parole, et qui peut la transmettre», a-t-il tranché, au cours d'un discours remarqué pour son lyrisme.

«Le ministre a reconnu la réalité: l'absence d'entente sur la création d'un titre professionnel. Le pouvoir de décider qui est journaliste doit rester entre les mains du monde journalistique», estime pour sa part Brian Myles.

Pas moins de 600 journalistes ont répondu présents au rendez-vous annuel du congrès de la FPJQ, organisé pour la première fois à Saint-Sauveur. Un succès, selon la fédération, qui compte près de 2000 membres.