Au moment où un film amateur islamophobe tourné aux États-Unis suscite des manifestations dans plusieurs pays musulmans, l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo s'apprête à publier de nouvelles caricatures du prophète Mahomet dans son numéro à paraître mercredi.

À la veille de la publication de ce numéro, un dispositif de sécurité a été mis en place mardi soir autour des locaux du journal à Paris, selon la préfecture de police de Paris.

En novembre dernier, le siège parisien de Charlie Hebdo avait incendié le jour de la sortie d'un numéro spécial intitulé «Charia Hebdo», pour lequel l'hebdomadaire satirique avait «invité» le prophète Mahomet comme rédacteur en chef exceptionnel.

Interrogé par la chaîne RTL, le directeur de la publication de Charlie Hebdo, Charb, a affirmé que «quoi qu'on fasse, ça polémique».

«Si on commence à se poser la question de savoir si on a le droit de dessiner ou pas Mahomet, si c'est dangereux ou pas de le faire, la question d'après ça va être est-ce qu'on peut représenter des musulmans dans le journal, puis la question d'après ça va être est-ce qu'on peut représenter des êtres humains dans le journal», a-t-il affirmé. «Et à la fin, on ne représentera plus rien, et la poignée d'extrémistes qui s'agitent dans le monde et en France aura gagné.»

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a fait part de sa «profonde consternation» après avoir appris la publication par «Charlie Hebdo» de «dessins insultants à l'égard du prophète de l'islam».

Dans un communiqué, le CFCM «condamne avec la plus grande vigueur ce nouvel acte islamophobe qui vise à offenser délibérément les sentiments des musulmans».

Le premier ministre Jean-Marc Ayrault a affirmé sa «désapprobation face à tout excès dans le contexte actuel».

Dans un communiqué, le premier ministre rappelle que «la liberté d'expression constitue l'un des principes fondamentaux de notre République».

«Cette liberté s'exerce dans le cadre de la loi et sous le contrôle des tribunaux, dès lors qu'ils sont saisis», ajoute-t-il, en rappelant également «le principe de laïcité qui est, avec les valeurs de tolérance et de respect des convictions religieuses, au coeur de notre pacte républicain».

«Et c'est pourquoi, dans le contexte actuel, le premier ministre tient à affirmer sa désapprobation face à tout excès», souligne le communiqué de Matignon. «Il en appelle à l'esprit de responsabilité de chacun.»

Charlie Hebdo a reçu le soutien de l'ancien premier ministre François Fillon.

«Je défends Charlie Hebdo, je défends la liberté d'expression et je pense qu'on ne doit pas céder un pouce de terrain dans ces domaines-là», a-t-il affirmé sur Canal+.

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius a condamné une «provocation».

«Je ne vois pas du tout l'utilité quelconque d'une provocation, et je la condamne de façon très nette», a dit le chef de la diplomatie française, tout en précisant qu'il respectait aussi la liberté d'expression.

«On ne peut en aucun cas estimer que le gouvernement encouragerait cela le moins du monde», a souligné le ministre des Affaires étrangères, en disant souhaiter «que la raison prévale».