La salle de rédaction du quotidien The Gazette sera amputée d'environ un cinquième de ses effectifs au cours des prochains jours. Il s'agit d'une des nombreuses mesures d'austérité imposées aux 10 journaux de la chaîne canadienne Postmedia en réponse à la chute de ses revenus publicitaires.

L'éditeur Allan Allnut en a fait l'annonce à ses employés lundi après-midi. Il a en outre invité les employés qui le désiraient à se prévaloir d'un programme de départs volontaires au cours des prochaines semaines.

Dans une note interne que La Presse a obtenue, Allan Allnut fait référence au Times-Picayune de La Nouvelle-Orléans qui, après 175 années d'existence, vient d'annoncer qu'il ne publiera plus que trois numéros par semaine. «Voilà une preuve de plus que les médias en Amérique du Nord font face à des défis de taille en raison de la chute des revenus publicitaires.» Il ajoute que dans le cas des journaux comme The Gazette, «ne rien faire n'était pas une option».

Tous les postes de la rédaction seront donc révisés à la lumière des besoins du numérique. Qu'est-ce que cela signifie concrètement? La présidente de la Guilde des employés de journaux de Montréal, Mona Leroux, l'ignorait encore lundi après-midi. «Je sors d'une réunion et je n'en sais pas plus que ce qui est écrit dans la note. Combien de gens exactement seront touchés dans la salle de rédaction? Est-ce que c'est 20 ou 25 personnes? Je ne le sais pas. Les directeurs de chaque section doivent rencontrer leurs employés au cours des prochains jours.»

De son côté, Paul Godfrey, grand patron de Postmedia joint par La Presse en fin de journée, n'était pas en mesure de dévoiler le nombre exact d'employés qui allaient perdre leur emploi au pays. «Nous sommes en train de regarder ça, a-t-il déclaré. Nous voulons réduire le coût de nos infrastructures et nous concentrer sur le numérique», a-t-il ajouté, sans toutefois préciser sous quelle forme. Une version iPad de The Gazette ou d'un autre journal de la chaîne Postemedia n'est pas prévue à court terme. Est-ce que Postmedia a envisagé de concentrer ses activités sur le web seulement? «Cette option n'était pas sur la table», a répondu Paul Godfrey.

En plus des coupes dans la salle de rédaction, The Gazette doit revoir le nombre de pages et la répartition de ses cahiers, ainsi que l'impression du journal afin de réduire le nombre de presses utilisées. Chaque section devra tenter de «faire plus avec moins».

La mise en page des journaux de Postmedia sera plus que jamais concentrée à Hamilton, déjà responsable d'une grande partie des activités de révision, de titrage, etc. «Les salles de rédaction vont se concentrer là où elles peuvent être compétitives, c'est-à-dire dans les nouvelles locales», a expliqué Paul Godfrey à La Presse.

The Gazette n'est pas le seul journal de la chaîne Postmedia à subir des coupes sévères.

Trois autres quotidiens - Calgary Herald, Edmonton Journal et Ottawa Citizen - voient disparaître leur parution dominicale, alors que le National Post ne publiera plus le lundi pour le troisième été consécutif. «Ensuite, nous étudierons l'horaire de publication du National Post et nous aviserons», a déclaré Paul Godfrey.

C'est la deuxième fois en moins d'un mois que Postmedia réduit ses dépenses. Au début du mois de mai, son agence de nouvelles interne, Postmedia News, a retranché 25 postes de son bureau d'Ottawa et annoncé le retour des 10 journaux de la chaîne dans le giron de La Presse Canadienne.

Dans une note qu'il a fait parvenir à l'ensemble des employés de Postmedia, Paul Godfrey n'a pas caché son amertume à l'endroit des Huffington Post et Google de ce monde. «Nous savons que les revenus publicitaires de la presse écrite sont en déclin dans l'ensemble de notre industrie, a-t-il affirmé. Une grande partie de ces revenus perdus sont redirigés vers des entreprises numériques de propriété étrangère qui, sans aucune réglementation, ont accès à l'auditoire canadien et sont responsables de l'érosion des revenus de nos médias.»

On devrait savoir plus précisément quels employés seront touchés au cours des prochains jours.