Savez-vous qui se cache derrière le compte Twitter de Radio-Canada, d'ARTV ou de l'émission Un souper presque parfait, diffusée à V? Qui sont ces gens qui envoient des liens, des photos, qui répondent à vos questions et à vos commentaires sur Twitter et Facebook, qui relancent la discussion parmi leurs nombreux abonnés? On les appelle des gestionnaires de communauté, un des nouveaux métiers qui ont fait leur apparition avec l'explosion du numérique au cours des dernières années.

Les gens qui occupent ces postes ont appris «sur le tas», mais, avec la multiplication des pages Facebook et des comptes Twitter officiels, voilà qu'on commence à accorder plus de sérieux à leur formation. Après tout, ils sont en quelque sorte responsables de la réputation en ligne de leur entreprise.

Dans moins de deux semaines, l'INIS offrira donc le premier volet d'une formation d'une durée de 47 heures destinée à ceux qui souhaitent occuper le poste de gestionnaire de communauté au sein d'une entreprise.

«Ces métiers sont en train de se construire, note Véronique Marino, directrice du programme Médias interactifs à l'INIS, centre de formation professionnelle en cinéma, télévision et médias interactifs. Dans les entreprises, on déléguait naturellement cette responsabilité aux plus jeunes, en leur disant: «Tu connais ça, le web, occupe-toi donc de notre compte.» On réalise que c'est plus complexe que cela.»

L'équipe de l'INIS est donc entrée en contact avec YUL Contenu, groupe de gestionnaires de communauté de Montréal, afin de voir quels étaient les besoins dans le milieu. «On s'est demandé: qu'est-ce qui vous manque pour bien faire le travail?, explique Véronique Marino. Avec deux spécialistes des réseaux sociaux, Martin Lessard et Sacha Declomesnil, on a ensuite élaboré un programme.»

Prérequis on ne peut plus 2.0 pour être admis à ce miniprogramme: avoir un compte Twitter, tout simplement. Et il faudra compter au moins 250 abonnés pour pouvoir s'inscrire au deuxième volet de la formation. «Il y aura une part de marketing puisqu'on étudiera entre autres l'écosystème au sein duquel les entreprises évoluent, explique Mme Marino qui fait également partie du comité pédagogique du programme. Les étudiants découvriront aussi les différents outils d'analyse afin de pouvoir produire des rapports d'activités pour leur entreprise.»

Pas évident quand on sait qu'à l'heure actuelle, la précision des outils de mesure est relative, et que la réussite de certaines opérations de relations publiques dans les réseaux sociaux relève tout autant de l'alchimie que de la science exacte. «Au fond, on se basera surtout sur l'expérience de ceux qui le font aujourd'hui», note Véronique Marino qui ajoute que le troisième volet du miniprogramme portera sur la gestion de crise.

Maîtrise à l'UQAM

L'INIS n'est pas la seule institution à revoir son offre de formation pour s'adapter au nouvel environnement numérique. L'Université du Québec à Montréal a décidé d'offrir trois nouveaux programmes de maîtrise dès septembre prochain. Une de ces nouvelles formations, la maîtrise en médias socionumériques, sera offerte conjointement par le département de communication sociale et publique et l'École des médias. Quoi, une maîtrise sur Twitter et Facebook? «Non, ça va beaucoup plus loin que ça, assure André Mondoux, professeur à l'École des médias qui a participé à la création des trois nouveaux programmes de maîtrise. Il y a toute une génération, les digital natives, pour qui les technologies vont de soi. Nous voulons pousser la réflexion plus loin, rendre compte des pratiques émergentes et réfléchir aux enjeux qui y sont liés, que ce soit l'identité ou la notion de vie privée.»

André Mondoux affirme que beaucoup de recherche se fait déjà sur ces questions, recherche sur laquelle pourront s'appuyer les professeurs qui dirigeront les étudiants inscrits à la maîtrise. «C'est une formation qui sera à l'image de l'UQAM, poursuit André Mondoux, c'est-à-dire qu'elle amènera les étudiants à prendre position.»