«Je rencontre de plus en plus de gens qui me disent qu'ils laissent tomber les journaux ou la télé pour s'informer uniquement par l'entremise de Twitter», déclarait dimanche, à Munich, le cofondateur de Twitter, Jack Dorsey, dans le cadre de DLD (Digital-Life-Design), une conférence qui a pour thème l'innovation.

Les propos de Dorsey vont exactement dans le sens de l'étude NETentances du CEFRIO publiée la semaine dernière, étude qui nous apprenait que les Québécois s'informent de plus en plus sur le web. Les statistiques dévoilées par le CEFRIO indiquaient également que cette tendance est encore plus marquée chez les jeunes: 9,2% des répondants âgés de plus de 18 ans s'informent d'abord sur les réseaux sociaux et pour le quart d'entre eux (24%), les réseaux sociaux figurent au nombre des trois premières sources d'information consultées. «La plus grande valeur de Twitter réside dans sa capacité à vous permettre de découvrir instantanément ce qui se passe dans le monde au moment présent. [...] Vous n'avez pas besoin de tweeter pour l'utiliser et l'apprécier», a poursuivi Jack Dorsey qui, visiblement, veut positionner Twitter davantage comme un site d'information qu'un simple réseau social.

Cette tendance à concevoir les réseaux sociaux comme sites d'information ne s'observe pas qu'au Québec.

Partout en Amérique du Nord, les gens se tournent de plus en plus vers Twitter et Facebook pour s'informer. La tendance va atteindre l'Europe (qui découvre Twitter sur le tard) sous peu.

Quelles nouvelles au juste les internautes vont-ils chercher sur les réseaux sociaux? L'étude de NETendances ne va pas suffisamment en profondeur pour nous dire quelles sont les sources consultées mais on y retrouve sans doute les comptes des médias traditionnels comme La Presse, Radio-Canada, TVA, etc. qui ont tous des comptes Twitter ainsi qu'une présence sur Facebook.

La valeur ajoutée de la recommandation

Mais alors, quelle est la différence entre une nouvelle de La Presse lue sur Twitter et une nouvelle de La Presse lue dans le journal papier?

Réponse: l'imprimatur de l'ami. Le côté «social» de la diffusion. C'est votre ami (ou une connaissance ou quelqu'un que vous respectez beaucoup) qui vous dit: lis ce texte, il vaut le détour. Regarde cette vidéo, elle est incontournable.

«Le partage est la monnaie de ce nouveau monde», a déclaré dimanche Andrew Keen, observateur du web qui participe lui aussi à DLD, qui se poursuit jusqu'à demain à Munich, en Allemagne.

En d'autres mots, quand vous entendez dire que les prochaines années seront «sociales», c'est de cela dont on parle. La hiérarchie à laquelle nous étions habitués depuis des années est en voie de disparition, elle est déconstruite et remplacée par une diffusion de l'information plus organique. Il peut s'agir d'une nouvelle produite par un média traditionnel ou d'une information provenant d'un site de journalisme citoyen, ou même d'une vidéo virale, mais l'idée à retenir c'est que ce n'est pas autant l'origine qui importe (une nouvelle de CBC, CBS ou CNN) mais bien le fait qu'elle vous est recommandée par un ami. C'est ce qui lui donne sa valeur ajoutée.

Les travaux d'une chercheure à l'Institut de Journalisme Reynolds, au Missouri, vont dans ce sens. En entrevue au Nieman Journalism Lab de l'Université Harvard, Mme Yadamsuren expliquait que les jeunes gens interviewés dans le cadre de sa recherche disaient préférer tomber sur une nouvelle par hasard dans les réseaux sociaux ou encore la lire parce qu'un ami leur avait envoyé par courriel, plutôt que de se rendre sur un site de nouvelles pour s'informer.

Voilà pourquoi les médias traditionnels embrassent les médias sociaux avec autant de passion ces temps-ci. Et voilà pourquoi ils s'empressent de développer des plateformes mobiles qui leur permettront de vous rejoindre, vous et vos amis, là où vous vous trouvez. Enfin, voilà pourquoi il existe de plus en plus d'outils comme Klout (qui est loin d'être parfait, mais qui annonce la tendance à venir) permettant de détecter qui, parmi vous, a de l'influence sur ses pairs dans les réseaux sociaux. Pas besoin d'être devin pour prédire que les influenceurs seront de plus en plus ciblés par les médias et les entreprises au cours des prochaines années. Ils risquent de subir beaucoup de pression pour «partager» avec leurs amis.

Pour suivre la conférence DLD sur le web : dld-conference.com