L'avenir de la radio passe par l'écran. C'est le patron de la section audio et musique de la BBC, Tim Davie, qui le dit. M Davie estime que la radio a toujours de belles années devant elle, mais à deux conditions: elle doit être présente sur les tablettes numériques et les téléphones mobiles, et elle doit proposer du contenu visuel créatif pour attirer les jeunes.
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Cette vision de l'avenir de la radio est partagée par Patrick Beauduin, directeur général de la radio de Radio-Canada, qui a rencontré Tim Davie en novembre dernier lors d'une mini-tournée européenne. Une tournée qui l'a également mené en Suède et au Danemark afin de prendre le pouls des tendances dans les radios publiques. «Premier constat: les jeunes écoutent la radio, observe M. Beauduin, joint au téléphone par La Presse. Au Danemark, on vient de créer deux stations FM destinées aux jeunes et ce ne sont pas seulement des radios musicales, il y a du contenu. On a également créé une radio pour les garderies qui offrent des contenus audio pour les siestes, les contes et les jeux. En Suède, ce sont les jeunes issus de la première génération d'immigrants qui animent la station Din Gata. Bref, les jeunes sont là et ils aiment la radio.»
Enrichir le contenu audio
Lors de son passage à la BBC, Patrick Beauduin a pu constater que le virage visuel était déjà entrepris. Un exemple: on filme les entrevues radio pour les diffuser ensuite sur le site web de la BBC. «L'approche de la BBC désormais est de négocier tous les droits avec les artistes qui passent dans ses studios: images, pochette de disque, extraits de performance, etc. Une fois en ligne, on complète avec une stratégie de mots-clés sur Google afin d'attirer davantage d'internautes sur le site», explique le patron de la radio de Radio-Canada.
Cela dit, qui dit contenu visuel pour accompagner la radio ne dit pas nécessairement caméras web placées aux quatre coins du studio, ce que Radio-Canada a déjà expérimenté, sans grand succès, avec l'émission C'est bien meilleur le matin. «Disons qu'un artiste fait une entrevue avec Michel Desautels, poursuit Patrick Beauduin. On peut montrer la pochette du disque, des hyperliens vers d'autres informations sur l'artiste, des vidéos, etc. L'idée est d'étoffer et d'enrichir le contenu et c'est dans cette direction que nous nous dirigeons à Radio-Canada», ajoute M. Beauduin, précisant que la radio devrait lancer une application iPad dans un avenir pas trop lointain.
On peut donc dire qu'au-delà de l'image, c'est le contenu, sous toutes ses formes, qui demeure primordial.
Sur toutes les plateformes
Chez Cogeco, le mot d'ordre est d'ailleurs d'offrir le contenu sur toutes les plateformes, là où se trouvent les auditeurs. «C'est notre objectif depuis quelques années, explique le premier vice-président radio chez Cogeco, Richard Lachance. Avant, si on avait manqué une entrevue avec Paul Arcand, c'était fini. Aujourd'hui, on peut utiliser les réseaux sociaux pour aviser nos auditeurs qu'ils peuvent réécouter l'entrevue en baladodiffusion, sur le web ou sur leur téléphone intelligent.» Pour rejoindre les plus jeunes, qui utilisent le plus leur téléphone mobile pour accéder au web, Richard Lachance imagine très bien le jour où une radio pourra envoyer un message à ses auditeurs qui dirait: «Vous êtes fan de telle chanteuse, syntonisez CKOI, on la fait jouer dans deux minutes ou encore, votez toute la semaine et recevez votre palmarès personnel à la fin de la semaine. «Il y a beaucoup de possibilités avec les différentes plateformes, affirme Richard Lachance, et on va sans doute en voir apparaître de nouvelles au cours des prochaines années.»