«L'âge d'or de la radio parlée, c'est maintenant. Les sondages montrent qu'il y a encore un marché: selon Léger Marketing, 76% des gens sont prêts à nous écouter...»

Vieux routier de la radio (il a lancé CKOI dans les années 70), Paul Tietolman ne cache pas son enthousiasme. Avec ses associés Nicolas Tétrault et Rajiv Pancholy, l'homme d'affaires lancera l'automne prochain une nouvelle station parlée en français sur le 940 AM. Et il a bien l'intention de redonner tout son lustre à la bande mal-aimée.

Le nom de la station n'est pas encore connu. Mais le concept est déjà tout trouvé: on y présentera des informations, des tribunes téléphoniques, du journalisme d'investigation, des débats et même du divertissement, le tout dans un format multiplateforme à dévoiler, qui devrait le rendre attrayant et financièrement viable.

M. Tietolman ne prétend pas réinventer la roue. Il veut simplement combler le vide et faire concurrence au 98,5, qui monopolise outrageusement la radio parlée commerciale en français. Pas étonnant, en ce sens, que le CRTC lui ait donné une licence pour le 940 AM. «Ils voulaient créer de la diversité.»

Pourra-t-il rivaliser avec la concurrence malgré les limites hertziennes du AM? Ça ne semble pas l'inquiéter. «Il y a toujours moyen de prendre sa place, dit-il. Les limites du AM ne sont pas si dramatiques.» Pour Paul Tietolman, de toute façon, le contenu primera toujours la plateforme. «AM ou FM, les gens veulent être bien informés. À nous de bien le faire. Les annonceurs suivront.»

Certains, comme le conseiller en radiodiffusion Michel Mathieu, voient d'un bon oeil l'arrivée de ce nouveau joueur. «S'il réussit, il va relever la bande AM», croit M. Mathieu.

Mais d'autres, comme Michel Arpin, sont beaucoup moins optimistes. «Ceux qui pensent aux stations généralistes comme à l'époque de CJMS rêvent en couleur, tranche l'ancien vice-président du CRTC. Il y a beaucoup d'utopie dans la vision et les prétentions de M. Tietolman. C'est un nostalgique qui veut faire revivre l'âge d'or du AM et qui vit 20 ans en arrière.»

Des propos qui froissent presque le principal intéressé. «Nostalgique, moi? On verra, siffle Paul Tietolman. Je ne suis pas un romantique, je suis un homme d'affaires. Et je ne conduis pas un Ford Model T. J'ai un véhicule neuf...»