Les observateurs du monde des médias ne tenaient plus en place, jeudi dernier, en attendant l'arrivée sur scène d'Arianna Huffington, au Centre Mont-Royal. Invitée à faire une conférence sur l'avenir des médias, Mme Huffington est considérée par plusieurs comme une véritable gourou. Pas de doute, l'auditoire buvait ses propos (il faut dire que la dame sait s'adresser au public).

Est-ce le fait qu'elle a vendu son site Huffington Post au géant AOL pour 315 millions de dollars qui fait que chacune de ses paroles est analysée de la sorte? Ou est-ce parce qu'au fil des ans, cette femme d'origine grecque, diplômée en économie de la prestigieuse université Cambridge, a su se réinventer maintes et maintes fois?

Auteure (elle a publié entre autres une biographie de Picasso et, plus récemment, un essai sur l'Amérique), femme de politicien puis elle-même candidate indépendante au poste de gouverneure de la Californie, commentatrice hors pair malgré son accent à couper au couteau, et mère de deux jeunes femmes avec qui elle est photographiée dans le numéro d'octobre du magazine Vogue, elle donne l'impression d'une femme complète.

J'ai parlé dans La Presse de son projet de lancer une version québécoise de Huffington Post. Elle viendra après le lancement de la version française, qui se fera sous peu, nous dit-on. On a donc un indice que les deux sites francophones partageront sans doute plusieurs contenus.

Mais ce que j'ai retenu de la conférence d'Arianna Huffington, ce n'est pas tant ce qu'elle disait sur The Huffington Post - un site que je consulte rarement - que sa réflexion sur notre époque. Car ce qui fait la force de cette femme, c'est sa fascination pour ce qu'on nomme l'air du temps. Elle est entièrement à l'écoute de son époque. On la sentait complètement allumée et même stimulée par certaines questions de l'auditoire.

Parmi ses sujets de prédilection, il y a la nécessité, à ses yeux, de se déconnecter régulièrement du grand réseau auquel nous participons par l'entremise de l'internet et des médias sociaux, afin de mieux se rebrancher sur qui nous sommes. À ses yeux, c'est LE sujet de réflexion du moment et ça le sera pour plusieurs années encore.

«Ne vous couchez surtout pas avec votre téléphone sur la table de chevet, près de l'oreiller. Rechargez-le le plus loin possible de votre lit», a déclaré cette propriétaire de pas un ni deux, mais bien trois BlackBerry, qui avoue avoir dû apprendre à se débrancher pour mieux profiter des autres aspects de la vie, comme la famille.

«Je sens au sein de la population un immense besoin de «connecter», a-t-elle confié. Lorsque Jon Stewart et Stephen Colbert ont organisé leur Rally to Restore Sanity l'an dernier, j'étais là à 5h du matin pour accueillir les gens dans les autobus de New York. Il y en avait des milliers qui venaient de partout. Ils étaient là parce qu'ils voulaient vivre ce moment avec leurs concitoyens.»

C'est ce même désir de «connecter» et d'échanger avec les autres qui motiverait, selon elle, les gens à bloguer gratuitement sur son site The Huffington Post. «Nous vivons à l'ère de l'expression de soi; c'est LA nouvelle forme de divertissement aujourd'hui. Les gens veulent raconter l'histoire, la commenter, y participer, être témoins de leur époque, recevoir des réactions de leurs contemporains. C'est ce qui explique également les succès des meet-ups, ces rencontres en chair et en os qui suivent les contacts que nous avons en ligne.»

Arianna Huffington voyage beaucoup et ce qu'elle observe, c'est que les gens d'un peu partout sont en train de redéfinir la notion de bonheur, de ce que veut dire «être heureux». Apprendre à se déconnecter pour mieux connecter fait partie de la réflexion, selon elle.

Les Facebook de demain

«Pour avoir du succès comme entreprise, il faut que vous pensiez constamment comme si vous étiez une entreprise en démarrage (startup). Vous devez constamment vous remettre en question et vous demander ce que vous pourriez faire de mieux», a déclaré Arianna Huffington jeudi dernier. Si vous ignorez ce qu'est une startup ou si vous êtes fasciné par ces jeunes entrepreneurs qui tentent de suivre les traces de Biz Stone (Twitter) ou Mark Zuckerberg (Facebook), vous serez sans doute intéressé par TechStars, une nouvelle émission consacrée à l'entrepreneuriat numérique. Oubliez Occupation double, Opération séduction et autres téléréalités complètement déprimantes: TechStars est une téléréalité documentaire qui suit 11 équipes new-yorkaises pas à pas durant 6 épisodes afin de présenter leur cheminement, les obstacles auxquels ils font face et leurs succès. Pour les mordus! bloomberg.com/tv/shows/techstars