Les témoignages d'amitié affluent depuis la mort du journaliste et diplomate Michel Roy, jeudi soir. L'homme a marqué beaucoup de gens. Sa gentillesse, son intégrité, sa passion du journalisme et son regard acéré sur l'actualité ont laissé un vif souvenir à tous ceux qui ont croisé sa route.

Pierre Foglia l'a connu lorsqu'il était patron de l'information à La Presse. «Il a apporté un nouveau souffle, une culture qui n'existait pas jusque-là dans cette salle de rédaction, quelque chose de plus poli, explique le chroniqueur, qui a travaillé à ses côtés dans les années 80. Quand il est arrivé à La Presse, il a ouvert les fenêtres et on s'est mis à respirer.»

Correspondant de Radio-Canada à Washington, Michel C. Auger l'a connu quelques années plus tard, alors qu'il était conseiller du premier ministre Brian Mulroney à Ottawa. «Il avait un sens de l'humour incroyable, un vrai pince-sans-rire, ce qui lui permettait de faire passer ses messages», explique celui qui était président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec au moment où Michel Roy était président du Conseil de presse. «Il est le dernier d'une époque. À mon avis, la plus grande erreur que Le Devoir ait faite, c'est de ne pas l'avoir nommé directeur au départ de Claude Ryan. Si les gens lisent encore des éditoriaux au Québec, c'est grâce à des gens comme lui.»

Robert Maltais, responsable du programme de journalisme à l'Université de Montréal, a côtoyé Michel Roy durant une dizaine d'années au Conseil de presse. «Il a été un mentor pour toute une génération de journalistes, observe-t-il. Il était un ardent défenseur du métier, mais aussi un de ses éléments les plus critiques. Michel Roy était en outre un passionné. Il a donné une grande visibilité ainsi que de la crédibilité au Conseil de presse.»

Sur le plan personnel, Michel Roy aura marqué les gens qui l'ont connu par sa grande amabilité. «Il était d'un type de gentillesse qui s'est perdu avec les générations», souligne Michel C. Auger.

«Sa principale qualité était une grande humanité, renchérit Robert Maltais. C'était un homme de coeur d'une grande humilité.»

«C'était quelqu'un qui ne donnait jamais d'ordre, ajoute Pierre Foglia. Il disait plutôt: «Que pensez-vous de ce sujet?» C'était sa façon de nous dire qu'il fallait écrire. Avec lui, on se sentait davantage dans un salon que dans une salle de presse.»

Cette grande gentillesse n'était pas réservée à ses collègues et aux grands de ce monde. Depuis deux jours, de nombreux témoignages dans les réseaux sociaux et dans les blogues illustrent la générosité de cet homme soucieux de partager et d'échanger avec les autres. «Au début des années 90, à la terrasse du Centre national des Arts, où il mangeait seul à une table, je me suis permis d'aller le saluer pour le remercier d'avoir contribué à mon éducation politique, raconte un lecteur de Cyberpresse, Philippe-Yvan Tardif, sur le blogue de la chroniqueuse Marie-Claude Lortie. Il m'a invité à m'asseoir et nous avions discuté durant 30 à 45 minutes.» Un vrai gentleman, en tout temps.