Au lendemain de la démission en bloc des artisans de Rue Frontenac, le nouvel acquéreur, Marcel Boisvert, dit avoir fait ce qu'il a pu pour redresser le site d'information. Il songe néanmoins à le maintenir ouvert.

«Je veux bien continuer à le garder vivant, mais si plus personne n'en veut, je ne sombrerai sûrement pas dans l'acharnement thérapeutique», a écrit l'homme d'affaires de l'Estrie dans une lettre ouverte, hier.

Vendredi, les collaborateurs de Rue Frontenac ont claqué la porte en invoquant deux raisons: des engagements n'auraient pas été respectés, et une personne liée au nouvel acquéreur leur «interdisait pour des raisons d'intégrité journalistique d'aller plus avant dans la négociation».

Cette personne, c'est Michel Strecko, un physicien de formation qui se présente comme étant «spécialiste en technologies de l'information».

Rencontré hier, Michel Strecko a admis d'emblée qu'il croit être la personne mentionnée par les ex-coordonnateurs de Rue Frontenac. Il a souligné qu'une simple recherche sur l'internet permet d'en apprendre sur ses démêlés avec la justice.

En 2002, il a été accusé d'extorsion envers l'homme d'affaires Raymond Henri. La Cour supérieure l'avait acquitté, mais la Cour d'appel a cassé la décision. La Cour suprême a renvoyé la cause au juge de première instance, qui l'a condamné à une amende de 1500$.

La cause portait sur une affaire de reconnaissance de dette et sur l'acquisition de Mobilair, une entreprise de services informatiques. Dans son témoignage, Raymond Henri a dit que Strecko s'était présenté à lui comme étant «le responsable des services informatiques pour un club de motards ayant une réputation sulfureuse», peut-on lire dans le jugement de la Cour d'appel. Michel Strecko, qui qualifie ces allégations de «farfelues», a également été impliqué dans plusieurs causes civiles.

Michel Strecko soutient qu'il s'attendait à ce que les artisans de Rue Frontenac posent des questions sur son passé. Il déplore néanmoins qu'il n'ait pas eu l'occasion de les rencontrer pour se présenter et expliquer son modèle d'affaires.

Entente

Le 15 juin, Marcel Boisvert a signé une entente pour devenir l'actionnaire unique de Rue Frontenac pour la somme symbolique de 100$. La signature de l'entente a permis d'obtenir un délai de 45 jours pour éviter la fermeture de Rue Frontenac, qui est placée sous la protection de la Loi sur la faillite. «Dans les jours qui ont suivi le 17 juin, j'ai participé à un montage financier avec l'aide d'un expert sur ces questions», a écrit Marcel Boisvert dans sa lettre ouverte. Il a notamment présenté un engagement de 200 000$ pour se maintenir à flot pendant l'été.

Jeudi, Marcel Boisvert a rencontré les collaborateurs de Rue Frontenac. Il leur a dit que plusieurs d'entre eux ne seraient embauchés qu'en septembre, faute de liquidité à court terme. Les collaborateurs ont annoncé leur départ le jour même. Le lendemain, ils ont retiré tous leurs articles en ligne sur le site.

«L'acquéreur invoquait toujours le fait que Rue Frontenac était sous la protection de la Loi sur la faillite pour expliquer que les étapes nécessaires au projet n'étaient pas accomplies», a dit hier Jean-François Codère, ex-coordonnateur de Rue Frontenac. M. Codère soutient que Marcel Boisvert a d'abord présenté Michel Strecko comme un investisseur. «Même comme conseiller, ça dépassait ce que nous pouvions accepter», a-t-il dit.

Marcel Boisvert, qui est engagé dans divers projets web, dont le portail d'informations EstriePlus.com, entend maintenant rencontrer le syndic de faillite et ses financiers. «Je verrai alors s'il subsiste des possibilités de relance», a-t-il conclu.

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Précision: Dans cet article publié dans La Presse et sur Cyberpresse, nous avons écrit que Michel Strecko est l'expert en montage financier auquel fait référence le nouvel acquéreur de Rue Frontenac, Marcel Boisvert, dans sa lettre ouverte. Michel Strecko est «consultant» pour Marcel Boisvert, mais il n'est pas son expert en montage financier. Nos excuses.