Fil de presse personnalisé, liste de contacts, outil utilisé par les journalistes pour couvrir des événement en direct... L'arrivée de Twitter dans l'univers médiatique a été analysé sous toutes ses coutures et la communauté journalistique se penche régulièrement sur les enjeux éthiques et déontologiques liés à l'utilisation du site de microblogage.

Mais Twitter n'est pas qu'un outil journalistique, c'est aussi un merveilleux instrument de promotion et de relations publiques. Aux États-Unis, les vedettes qui comptent des milliers d'abonnés Twitter se voient offrir une multitude d'avantages (objets à tester, voyages, produits de beauté, vêtements, repas gratuits dans les restos à la mode, etc.). Un bon mot de leur part à leurs nombreux abonnés se transforme en formidable publicité pour un produit ou un lieu qui veut se distinguer.

Au Québec, on voit de plus en plus de gens utiliser Twitter pour promouvoir un produit ou un service. Et la ligne entre l'activité promotionnelle et l'opinion personnelle n'est pas toujours très nette.

Un exemple: la semaine dernière, en consultant le fil Twitter, on pouvait remarquer plusieurs personnes réunies au même restaurant. Plusieurs twitaient durant la soirée, s'extasiant sur la beauté des lieux, la qualité du repas servi, la gentillesse de leurs hôtes, etc.

Vérification faite auprès de quelques personnes qui ont pris part à l'événement: le repas était offert par la maison pour souligner l'ouverture officielle du restaurant. Il s'agissait donc d'un événement promotionnel où on avait invité blogueurs et chroniqueurs en vue afin qu'ils parlent de ce nouvel endroit. Personne n'était «obligé» de twiter, mais il était assez évident que c'est ce qu'on attendait d'eux: qu'ils twitent et qu'ils en parlent dans leur blogue.

Aurait-il fallu ajouter un mot-clé qui aurait indiqué qu'il s'agissait d'un événement promotionnel? Par souci de transparence, doit-on aviser ses abonnés lorsqu'on participe à un événement organisé duquel on retire un avantage matériel (dans ce cas-ci, un souper gratuit)?

La réponse n'est pas claire. Premièrement, les blogueurs spécialisés dans le domaine de la mode, des sorties et de l'art de vivre en général ne sont pas des journalistes. Ils ne sont donc pas soumis aux règles déontologiques de la profession. Deuxièmement, il se peut fort bien que les entreprises qui organisent ces événements ne souhaitent pas qu'on attire l'attention sur leur aspect promotionnel ou de relations publiques, le but étant plutôt de faire croire qu'il s'agit d'un coup de coeur qu'on transmet de bouche à oreille.

Dans ce contexte, jusqu'où faut-il pousser la transparence?

Lorsque je lui ai posé la question, l'organisatrice de l'ouverture du resto a répondu que «si 10 personnes twitent en direct du même événement, les gens devinent bien qu'il s'agit d'un événement promotionnel». Mais est-ce vraiment si clair que ça?

Michelle Blanc, spécialiste du commerce électronique et des médias sociaux, s'est déjà prononcée sur la question. «Concernant la question à propos de l'éthique (sic), je suis d'avis qu'un tweet ou un billet de blogue qui est commandité se doit d'être clairement identifié comme tel.» Au téléphone, elle ajoute: «Lorsque je suis dans un spa pour un week-end toutes dépenses payées, par exemple, je mentionne que c'est une commandite lorsque je twite.»

Sébastien Théberge, conseiller principal chez Octane Stratégies, précise pour sa part que, lorsque l'un de ses collègues ou lui fait la promotion d'un client, ils l'indiquent à l'aide du mot-clé «client» ou «clt». «Les gens s'attendent à ça de la part de professionnels», ajoute-t-il.

Que faire? Établir des règles claires afin que les activités promotionnelles soient clairement identifiées? Ou accepter que la frontière entre l'information, l'opinion personnelle et l'activité promotionnelle demeure floue? Il y a là matière à débat.

Mesh Toronto

Dès demain et jusqu'à jeudi se tient à Toronto la conférence Mesh 2011. Durant deux jours, on discutera internet, médias sociaux, journalisme, entreprises de démarrage dans le domaine des nouvelles technologies, etc. Parmi les conférenciers invités: Tony Buman, grand patron d'Al-Jazira pour l'Amérique du Nord, Rob Fishman du Huffington Post et Mark Surman de la Mozilla Foundation. Je serai sur place et vous pourrez lire mes comptes rendus dans La Presse, sur mon blogue et sur Twitter.