Les temps sont durs pour les magazines. Au Québec, les ventes de la plupart des titres ont baissé de 2008 à 2010. La crise économique a eu elle aussi des effets négatifs: le magazine étant considéré comme une dépense superflue, c'est un petit luxe dont on se prive en premier lorsque notre budget est plus serré. La situation est semblable ailleurs en Occident.

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On parlera des défis que doivent relever les publications québécoises demain, dans le cadre de la Journée magazines 2011, une activité d'un jour organisée par l'Association québécoise des éditeurs de magazines. Le thème de la journée: l'innovation. Un thème on ne peut plus d'actualité à l'heure où les magazines tentent de se réinventer pour conserver leurs lecteurs et en attirer de nouveaux.

L'éditrice de People, Jane Nicholls, doit donner une conférence, durant laquelle elle parlera de la façon de revamper une publication. Elle abordera également les défis qui attendent les magazines qui souhaitent créer une application pour les tablettes numériques.

L'iPad n'a pas été le coup de baguette magique qu'on attendait dans l'industrie. Pour l'instant, les magazines québécois ne sont pas présents sur l'iPad, même si ça ne saurait tarder. Ils devront toutefois trouver une formule conviviale et rentable dans un marché - celui des propriétaires de tablettes numériques - encore bien petit.

Aux États-Unis, où le marché est beaucoup plus intéressant, on ne peut dire que les lecteurs ont fait preuve d'un grand enthousiasme pour les versions iPad de leurs magazines préférés. Après l'engouement des premiers jours pour l'application du magazine Wired, par exemple, le nombre de téléchargements est passé de 130 000 à 23 000 de juillet à novembre dernier. Le même scénario s'est répété pour la plupart des titres.

Pour l'instant, c'est sur papier que l'innovation et le changement se déclinent. On a pu en voir deux exemples récemment avec les nouvelles formules du Nouvel Observateur et de Newsweek.

Soyons francs: les habitués du Nouvel Observateur n'ont pas eu de choc, vendredi dernier, en feuilletant leur hebdomadaire. La maquette a bien peu changé. Le lecteur trouve de nouvelles rubriques, des textes plus courts, mais, dans l'ensemble, on est en terrain archiconnu. C'est sur le web, nous promet-on, qu'on mesurera l'étendue des changements avec un nouvel espace participatif baptisé Le Plus, qui n'est pas encore accessible au moment d'écrire ces lignes.

Aux États-Unis, c'est vers Newsweek que les yeux sont rivés depuis que Tina Brown, véritable magicienne des magazines, en assume la direction. Depuis son arrivée, le concurrent de TIME a changé de façon spectaculaire: nouvelles plumes prestigieuses, nouvelles sections, dont News Gallery, qui fait une large place au photojournalisme, et Omnivore, consacré aux objets de luxe. Bref, les lecteurs ont désormais droit à du pur Tina Brown, un mélange de politique, de mode, de potins et des sujets chauds de l'heure.

Interviewée hier dans le New York Times Magazine, l'ex-éditrice de Vanity Fair et du New Yorker a expliqué ce qui, selon elle, faisait un bon magazine: «Un mélange de contenu très solide, de nouvelles très chaudes et de sujets plus sexy. C'est ce qu'on retrouve dans les magazines européens. Quand on les feuillette, on peut passer de la photo hyper séduisante d'une montre très dispendieuse à la crise en Libye. J'aimerais avoir davantage ce sentiment dans Newsweek. Je crois que c'est ce qu'il faut pour un magazine, car c'est un peu là que l'on se situe tous, dans un environnement multiplateforme où tout est mélangé avec tout...»

Bref, chaque magazine doit trouver SA recette, composée des ingrédients qui plairont aux lecteurs. En se souvenant qu'on se lasse de tout, même du foie gras... Comme le souligne Tina Brown, «aujourd'hui, la fenêtre d'intérêt des gens peut se fermer très, très vite». Les magazines doivent trouver le truc pour la garder ouverte le plus longtemps possible.

L'union fait la force

Signe des temps, six médias indépendants ont décidé de se regrouper pour offrir un seul et unique guichet aux annonceurs. Cette nouvelle «bande des six» est composée de Baron Mag, Camuz, CISM, Longueur d'ondes, Atuvu.ca et Ecoutez.ca. Désormais, tous ces titres logeront à la même adresse: culturecible.ca, où on trouve trois magazines, un journal, six sites web, trois infolettres et une application iPhone.