Lorsqu'on parle des internautes, on fait presque toujours référence aux jeunes mobinautes hyper branchés nés avec une télécommande dans une main et un téléphone intelligent dans l'autre. On oublie qu'environ un million d'internautes québécois ont 55 ans et plus. Ce sont des gens qui ont lentement apprivoisé la bête et dont le nombre augmente d'année en année.

La nouvelle étude réalisée par le Centre francophone d'informatisation des organisations (CEFRIO) s'intéresse donc à ce qu'il a nommé les «seniornautes» (quel horrible néologisme!), ceux et celles qui composent la génération A.

Première surprise: l'étude réalisée auprès de 2000 personnes de cette génération nous apprend que grand-maman passe autant de temps devant son écran d'ordinateur que son petit-fils issu de la génération C (les 12-24 ans). En effet, les 55-64 ans, groupe qui comporte plusieurs jeunes retraités, disposent de plus de temps libre. Comme ils ont utilisé l'ordinateur durant leur vie professionnelle, ils ne sont pas intimidés par la technologie. Ils sont très actifs sur le web, passant en moyenne 15,7 heures par semaine devant l'ordi (de ce nombre, le tiers passe jusqu'à 20 heures par semaine à naviguer dans l'internet).

Qu'est-ce qui les attire vers le web? En premier lieu, le désir de communiquer par courriel avec leur famille. Ensuite, le côté ludique: selon l'étude du CEFRIO, le jeu est une porte d'entrée pour les 55 ans et plus. Enfin, les seniornautes vont en ligne pour préparer un voyage, obtenir une information gouvernementale, etc.

Mais la donnée la plus surprenante de cette enquête concerne l'information. On apprend en effet que 71 % des 55 ans et plus lisent des nouvelles en ligne sur une base régulière. De ce nombre, 21 % des répondants au sondage disent préférer lire leurs nouvelles en ligne que dans les médias traditionnels.

On devine que cette information ne tombera pas dans l'oreille d'un sourd. De plus en plus de journaux lorgnent l'iPad et les autres tablettes électroniques, imaginant des applications qui séduiront leurs lecteurs. Les informations recueillies par le CEFRIO montrent que les aînés s'adaptent aux nouvelles technologies et adoptent eux aussi de nouvelles façons de consommer les nouvelles. Ils ne sont pas rebutés par les sites d'information et ne devraient pas l'être davantage par un journal iPad.

Ce qui pourrait freiner leur enthousiasme, c'est le prix qu'il faut mettre pour s'équiper de toutes ces nouvelles technologies. Acheter un ordinateur (et éventuellement une tablette), payer pour un branchement sont autant de motifs qui empêchent bien des gens de plonger, selon les auteurs de l'étude.

Selon Josée Beaudoin, vice-présidente du CEFRIO, il y a plusieurs leçons à tirer de cette étude, surtout pour les gouvernements et les grandes organisations.

«Actuellement, avec le mariage de la télé et de l'ordinateur, nous sommes à expérimenter la téléprésence auprès de certains publics, souligne-t-elle. Mais il est clair que tous les services ne peuvent migrer en ligne, car il reste une frange importante, environ la moitié des 55 ans et plus, qui ne sont pas en ligne et qui préfèrent d'autres moyens - téléphone, contact personnel, etc. - d'accéder à des services gouvernementaux, par exemple.»

Chose certaine, pour les médias qui se déplacent de plus en plus vers le web et les nouvelles technologies, l'augmentation du nombre de seniornautes demeure une très bonne nouvelle.

Monocle Alpino

L'aventure du magazine Monocle, fondé en 2007 par Tyler Brûlé, semble fonctionner. L'ancien rédacteur en chef de Wallpaper, Canadien d'origine, semble avoir trouvé une formule gagnante puisqu'il publie un magazine épais comme un annuaire téléphonique en plus de produire des contenus audio et vidéo. Ses boutiques, où il vend des objets de luxe destinés aux lecteurs sophistiqués de sa publication, financent en partie le magazine. Monocle publie en outre des journaux satellites comme ce Monocole Alpino, entièrement consacré aux amoureux des montagnes et des sports d'hiver. Au total, 72 pages de reportages, de photos pleine page de chalets en bois rond et de publicités d'objets de grand luxe. Bref, une publication de niche qui n'est pas donnée (6,50 $ plus taxes). Dans un univers où les médias expérimentent tous les jours, voilà une histoire de réussite qui vaut la peine d'être mentionnée.

Les Affaires

Nouvelle présentation pour l'hebdomadaire Les Affaires, qui publie désormais en couleur sur un papier légèrement glacé, semblable à celui du «nouveau» Globe and Mail. Une nouvelle section Monde, un cahier détachable Investir ainsi que quelques nouvelles rubriques sont parmi les changements apportés à cette publication qui se définit davantage comme un magazine que comme un journal. Le premier numéro de cette nouvelle mouture, publié jeudi dernier, comptait 76 pages. Au-delà du papier, comme bien des publications, on constate que Les Affaires diversifie son offre: conférences, livres, contenus vidéo sur son site internet. Les journaux n'ont plus le choix. Pour survivre, ils doivent investir toutes les plates-formes.