La journaliste, blogueuse et recherchiste Gina Desjardins est un cas à part. En plus d'être l'une des rares filles à se spécialiser dans les nouvelles technologies et les jeux vidéo, sa manière de mener sa carrière en journalisme la place à l'avant-garde de son domaine.

Quand elle est arrivée sur le plateau de Tout le monde en parle le 28 novembre dernier, Gina Desjardins en a intrigué plus d'un. Avec son look de jeune actrice et son rire communicatif, plusieurs personnes ont sans doute pensé qu'ils étaient devant la dernière starlette en vogue, et non pas une jeune journaliste spécialisée dans les nouvelles technologies, les gadgets électroniques et les jeux vidéo.

Il faut dire que Gina Desjardins est à mille lieues du nerd à lunettes antisocial qu'on associe habituellement aux maniaques de techno. Depuis ses débuts dans ce milieu majoritairement masculin, il y a environ cinq ans, la jeune journaliste a d'ailleurs mis les bouchées doubles, pour ne pas dire triples, afin de se bâtir une réputation béton. «Dans ce milieu-là, si on ne connaît pas son sujet à fond, ça paraît tout de suite, souligne-t-elle. Quand je ne connais pas parfaitement quelque chose, je préfère ne pas en parler. Je peux passer des heures à faire de la recherche sur un sujet, je suis maniaque. Quand je parle de quelque chose, c'est parce que je le connais vraiment.»

Étudiante en communications puis en psychologie à l'Université Laval, Gina Desjardins fait ses premiers pas professionnels dans le domaine de la musique, pour l'impresario des groupes Projet Orange et Les Respectables. «Je m'intéressais surtout aux sites internet des artistes, raconte la jeune femme, aujourd'hui âgée de 32 ans. Je n'arrêtais pas de leur dire que c'était important d'avoir un site, de communiquer avec leurs fans à l'aide des réseaux sociaux.»

Au bout de trois ans, elle quitte l'univers de la musique pour s'installer à Londres où elle veut parfaire son anglais, une décision qui a des allures de coup de tête pour son entourage, mais qui sera très bénéfique pour la suite de son parcours. Elle restera deux ans dans la capitale britannique. À son retour, elle travaille comme journaliste pigiste. Elle touche un peu à tout, jusqu'au jour où une rédactrice en chef lui conseille de se trouver une spécialité si elle veut se tailler une place dans ce milieu très compétitif. La suggestion ne tombe pas dans l'oreille d'une sourde.

Dans le jargon, c'est ce qu'on appelle le branding. Gina Desjardins a trouvé le sien. Elle sera la geekette (féminin de geek, personne passionnée dans un domaine précis, les nouvelles technologies dans ce cas-ci).

«On peut dire que j'ai investi dans ma carrière, souligne Gina Desjardins. Je n'ai pas de REER, mais je me paie des voyages un peu partout dans le monde pour participer aux grandes conférences technos, à Las Vegas, en Californie ou à Tokyo. Parfois, je suis invitée, mais la plupart du temps je paie de ma poche parce que je trouve important d'être là, de découvrir toutes les nouveautés. Dans ce domaine, on peut vite être dépassé.»

«Quand je ne connais pas bien un jeu ou un produit, et qu'on m'invite dans les médias pour en parler, je préfère passer mon tour et suggérer le nom d'un collègue qui s'y connaît plus que moi, indique la journaliste. Je déteste parler à travers mon chapeau.»

Capitale indépendance

De la même façon, elle ne se gêne pas pour dire qu'elle n'aime pas un produit ou un jeu vidéo. «C'est un milieu où il y a beaucoup de pression, observe cette fille de journaliste (sa mère, Lise Giguère, est une journaliste spécialiste du tourisme). On me demande de twitter sur telle ou telle chose, on aimerait que je parle en bien de tel produit. Je n'embarque pas dans ce jeu-là. Mon indépendance est très importante. Il arrive qu'on me prête des produits pour que je les essaie, mais j'explique clairement que si je n'aime pas, je ne me gênerai pas pour le dire. Quant à mon téléphone ou mon ordinateur, c'est moi qui les ai payés.»

En l'espace de cinq ans, la journaliste est devenue une véritable experte ainsi qu'une petite entreprise à elle seule, s'inscrivant ainsi dans la tendance de l'entrepreneurial journalism, qu'on enseigne de plus en plus dans les facultés de journalisme aux États-Unis. En plus de sa page web personnelle, véritable carrefour de toutes ses activités professionnelles, Gina Desjardins cumule plusieurs emplois (ou contrats, c'est selon). Elle est, entre autres, recherchiste à Vlog, émission consacrée à l'univers du web diffusée sur les ondes de TVA et animée par Dominic Arpin, ainsi que blogueuse au nouveau blogue techno Triplex sur le site de Radio-Canada. La preuve vivante qu'on peut encore travailler pour les deux camps... Elle tient également un blogue sur msn.ca en plus de participer à plusieurs émissions de radio et de télévision et de collaborer à diverses publications. Dans un univers médiatique en profonde transformation, la jeune femme est en train de se tailler une place de choix en fournissant des contenus à toutes les plateformes qui s'offrent à elle.

Issue d'une génération touche-à-tout où les gens se réincarnent plusieurs fois au cours d'une même vie professionnelle, Gina Desjardins ne sait pas trop où elle se voit dans cinq ans. «J'ai toujours voulu travailler en cinéma, avoue-t-elle. J'aimerais peut-être essayer de produire des films, c'est quelque chose qui m'intéresse.» D'une manière ou d'une autre, elle est et demeurera... productrice de contenus.

En 2010, plusieurs nouveaux talents ont surgi dans toutes les disciplines. Notre série Nouveaux visages vous présente neuf de ces artistes qui devraient faire parler d'eux en 2011.

17 DÉCEMBRE: PERRINE LEBLANC, LITTÉRATURE

20 DÉCEMBRE:MARIE-LISE CHOUINARD, HUMOUR

21 DÉCEMBRE: DAVID PAQUET, THÉÂTRE

22 DÉCEMBRE: JIMMY HUNT, MUSIQUE

23 DÉCEMBRE: MARC PAQUET, TÉLÉ

27 DÉCEMBRE: GINA DESJARDINS, MÉDIAS

28 DÉCEMBRE: SÉBASTIEN PILOTE, CINÉMA

29 DÉCEMBRE: SHANA CARROLL, CIRQUE

30 DÉCEMBRE: GUILLAUMELACHAPELLE, ARTS VISUELS