Les journalistes de Radio-Canada vivent une petite révolution culturelle ces jours-ci. Finies les salles de nouvelles séparées avec les journalistes radio d'un côté et ceux de la télévision de l'autre. D'ici septembre, la majorité des reporters qui travaillent aux différents bulletins de nouvelles seront regroupés au même endroit, dans l'enceinte du Centre de l'information (CDI).

Annoncée aux employés en juin dernier, cette profonde transformation est actuellement en cours. À Québec, hier, les patrons de l'information de Radio-Canada ont présenté leur nouvelle façon de travailler dans le cadre de la session annuelle de la Communauté des télévisions francophones.

Depuis quelques mois, les journalistes, qu'ils soient à l'emploi des nouvelles ou des affaires publiques, sont regroupés en modules: l'économie, l'enquête, la culture et la science. Des modules politique et international devraient être formés d'ici septembre prochain.

«Il restera bien entendu des journalistes à l'extérieur des modules pour couvrir les sujets généraux et le quotidien», a tenu à préciser Alain Saulnier, directeur général de l'information.

Chaque module regroupe désormais des journalistes radio, télévision et web qui seront éventuellement appelés à fournir des contenus pour les différentes plateformes de Radio-Canada. Tout ce beau monde prendra ses ordres du CAPE, le nouveau Centre intégré d'affectation et de planification d'expertise, sorte de super pupitre dirigé par le journaliste Pierre Tourangeau qui supervisera toutes les affectations en plus de planifier la couverture journalistique à moyen et long terme. La journaliste Marie-Paule Rouleau, actuellement à Washington, doit revenir à Montréal sous peu pour occuper un des deux postes d'affectateurs du CAPE.

«C'est un changement de culture immense», note Alain Saulnier, qui insiste sur l'importance des personnalités respectives des médias. «L'intégration des ressources ne signifiera pas l'uniformisation des contenus.»

À la question «Comment réagissent les journalistes à ces changements?», le premier directeur Info, Jean Pelletier, responsable des affaires publiques et des téléjournaux, a rappelé que l'an dernier «les journalistes à l'économie étaient seuls dans leur coin et qu'ils avaient l'air démotivés.» «Depuis qu'ils sont regroupés dans une même équipe, la couverture économique a augmenté sur toutes les plateformes.»

«Il y a deux ans, cela aurait été un défi énorme, a renchéri Alain Saulnier. L'air du temps nous aide, les gens sentent bien que ça bouge et ils veulent faire partie du changement.» Des propos qu'a confirmés Geneviève Rossier, directrice d'internet et des services numériques, qui a déclaré que son département était trop petit pour répondre à la demande.

La migration des moins de 35 ans vers le web explique en partie ce grand chambardement. Radio-Canada souhaite en outre maximiser l'impact de ses scoops. «Quand nous réalisons une grande enquête, nous voulons qu'elle rayonne partout», affirme Alain Saulnier.

La mise en commun des effectifs peut également déboucher sur des projets thématiques comme la journée Darwin, en février dernier. Pendant 24 heures, le site web de Radio-Canada, ainsi que les émissions Découverte et Les années lumière (désormais regroupées dans le module science) présentaient toutes des contenus consacrés à l'anniversaire de la naissance du célèbre scientifique. Bref une façon plus logique de mettre en commun les ressources et les expertises de chacun.