Le départ de Marc Lauren-deau de la revue de presse de C'est bien meilleur le matin marque bel et bien la fin d'une époque sur la Première chaîne de Radio-Canada. On ne sait pas encore qui le remplacera, mais la personne qui héritera de cette tâche primordiale dans une émission matinale devra maîtriser un art, celui de la revue de presse, qui exige un grand esprit de synthèse ainsi que de solides connaissances historiques et politiques. Marc Laurendeau était imbattable à ce chapitre, se souvenant du nom et des années au pouvoir de tous les politiciens importants, qu'ils aient siégé au municipal, au provincial ou au fédéral.

Mais la mémoire n'est pas le seul atout. Pour faire une bonne revue de presse, il faut aussi avoir des compétences journalistiques: il ne suffit pas de découper des articles de journaux et de les lire en ondes comme on le fait dans certaines émissions de radio et de télévision. Il faut pouvoir faire des liens, dégager LA nouvelle de la journée, comprendre instinctivement ce qui intéressera les auditeurs.

 

Pour sa part, dès 3h, Marc Laurendeau se branchait sur CNN qu'il écoutait en se rasant. La veille, il avait regardé toutes les émissions d'information car pour lui, «il est important de visualiser la nouvelle, de voir le langage corporel, les attitudes», bref des détails susceptibles d'enrichir sa revue de presse du lendemain matin. À son arrivée à Radio-Canada, autour de 4h, il se mettait à la lecture des journaux. Durant la semaine, il avait lu les magazines d'information comme L'actualité, Time, Newsweek, The Economist, Le Point, L'Express...

«Internet est apparu dans le paysage à la mort de Lady Diana, en 1997, raconte Marc Laurendeau. Il n'y avait rien dans les journaux ce matin-là, alors on s'est tourné vers l'internet pour chercher des informations et on y est retourné par la suite.»

Depuis quelques années, M. Laurendeau a ajouté quelques sites internet (comme Politico.com) ainsi que des blogues écrits par des journalistes à sa tournée internet. «Avant, je disposais de plus d'une heure entre deux micros, ce qui me laissait du temps pour réfléchir. Aujourd'hui, il y a plus de sources et je suis plus présent dans l'émission, parfois toutes les 15 minutes. J'ai donc moins de temps pour lire.»

Issu d'une génération où l'internet fait partie du paysage depuis presque toujours, Philippe Marcoux connaît bien ce rythme effréné. Après trois étés passés à faire la revue de presse à C'est bien meilleur le matin, il a hérité de cette responsabilité à RDI Matin, animé par Louis Lemieux.

«Je considère que je ne fais pas une revue de presse, mais plutôt une revue des médias, affirme Philippe Marcoux qui se lève toutes les nuits à 2h. Au début, je parlais d'internet pour me démarquer, mais aujourd'hui, c'est incontournable. Il arrive aussi que je parle de Twitter (le site de microblogging) s'il s'y passe quelque chose d'important, quand un sujet s'impose.»

Chacun a sa méthode de travail, ajoute M. Marcoux qui souligne que dans le genre, Marc Laurendeau a imposé des normes et des attentes. «C'est très instinctif, ça dépend de la personnalité de chacun.»

Pas de doute que les auditeurs ont sans doute bien hâte de découvrir la personnalité de celui ou celle qui fera la revue de presse aux côtés de René Homier-Roy l'automne prochain.