Quoi de mieux, pour «tendre un miroir à l'époque», selon l'ambition stendhalienne d'Ariel Kenig, que de décortiquer une anecdote people de la France sarkozyste?

Le fils du président aurait, fin 2009, «miraculeusement» survécu à une coulée de boue sur son lieu de vacances. C'est du moins la nouvelle que relaient les médias, et c'est à partir de cette inflation de la prose journalistique que Kenig dénonce une «narrativisation» préoccupante de la réalité.

Tour à tour historien des progrès technologiques dont il se fait l'encyclopédiste (de l'arrivée de l'internet, puis de MySpace jusqu'à Facebook et les iPhone et iPad), et sociologue des moeurs du Parisien branché, l'écrivain français s'inclut dans l'histoire en marche à titre de narrateur.

À l'instar de Houellebecq, il décrit la société contemporaine à l'imparfait, plaçant le lecteur en spectateur impuissant d'une mort annoncée. En résulte un malaise qui va en s'amplifiant à mesure que le récit refuse de prendre forme, s'enlisant - volontairement, on ne peut en douter - dans le morcellement de la réalité qu'il dénonce. Un monde où l'image et l'apparence dominent, publiées en direct dans les médias sociaux.

C'est une lecture déprimante, à défaut d'être réellement marquante, qui donne toutefois envie de suivre cet écrivain jeune - il n'a pas 30 ans - dont Le miracle est déjà le quatrième roman.

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* * 1/2

Le miracle. Ariel Kenig. Éditions de l'Olivier, 153 pages, 27,95$