Quelle brique! C'est la réflexion mêlée de crainte qui nous vient à l'esprit quand on s'attaque au dernier roman de James Ellroy.

L'auteur américain, qui a déjà exploré les zones traumatiques de sa vie (Le Dahlia Noir est l'exemple le plus saisissant à cet égard), a habitué ses lecteurs à ses intrigues touffues, certes, mais surtout précises comme des rapports de police. Underworld USA ne fait pas exception à la règle.

Ce troisième volet de la trilogie entamée en 1995 par American Tabloïd et poursuivie en 2001 par American Death Trip se situe en 1968. Et le lecteur de retrouver l'Amérique d'Ellroy, où les trafics ont une dimension politique, où les femmes sont vénales ou vénéneuses et où, enfin, les taupes et les flics sont dans le même navire.

Autour des événements et personnages «ayant réellement existé» (les frères Kennedy, Martin Luther King ou Richard Nixon, entre autres), Ellroy invente une galerie de personnages fictifs, espions ou flics sensibles, femmes fatales.

L'auteur mêle alors les récits de ses personnages, racontés aussi sous forme de rapports de police ou journaux intimes. Plus qu'habile, on peut dire que l'ensemble est très finement composé.

La densité du tout force aussi l'admiration. Jugez plutôt: Underworld USA compte 131 chapitres classés en cinq parties. Avec autant de précision, James Ellroy n'attend pas moins d'attention de la part de son lecteur.

On ne s'étonnera pas que l'abondance de détails, de personnages, perde ou décontenance en route. Non, Underworld USA n'est pas exactement un livre de chevet. Ellroy ne cède jamais à la facilité et ne facilite pas la tâche à son lecteur, mais le jeu en vaut la chandelle.

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Underworld USA. Éditions Payot. Rivages. 2010, 840 pages.