Après L'ange de pierre et Une divine plaisanterie, voici avec Ta maison est en feu, la troisième épreuve du pentathlon romanesque de la regrettée Margaret Laurence (1926-1987), cet ensemble de cinq romans que la Manitobaine a regroupés sous le titre général de Cycle de Manawaka. Laurence a mis 10 ans à écrire cette galerie de portraits sensibles et percutants de femmes de province esseulées qui a marqué profondément la littérature canadienne.

Cette Gabrielle Roy anglophone, grâce à ces rééditions, reprend sa place parmi les grands écrivains nord-américains. Ce troisième tome, dont le titre original était The Fire-Dwellers à sa parution en 1969, met en scène Stacey MacAindra, mariée à un vendeur itinérant d'encyclopédies, mère de quatre enfants, qui vit dans la région de Vancouver depuis qu'elle a quitté sa famille, les Cameron; c'est la soeur de Rachel Cameron, vieille fille, institutrice, qui vit avec sa mère psychologiquement cannibale, le personnage saisi dans Une divine plaisanterie. Rachel enviait la liberté de sa soeur enfuie. On voit qu'il s'agissait d'un enfer que Stacey MacAindra tente d'éteindre au gin-tonic, qu'elle fuit en allant vers d'autres hommes et revenant au foyer, repentante: «Je ne suis pas une bonne mère. Je ne suis pas une bonne épouse. Je ne veux pas l'être. Je suis Stacey Cameron et j'adore toujours danser.» Un soir, elle dit à un ami avoir l'impression de vivre la chute de Rome; celui-ci répond: «Vous n'avez pas peur que ça se produise; vous avez peur que ça ne se produise pas.» En attendant, elle écoute des boogie-woogies de Tommy Dorsey...

 

Ta maison est en feu - Cycle de Manawaka, t.3

Margaret Laurence

Traduit par Florence Lévy-Paolini

Alto et Nota Bene, 429 pages, 19,95$

****