Voilà un ouvrage à conseiller à ceux qui ont lu Maupassant. Patrick Wald Lasowski, qui a lu tous les livres de celui pour qui la chair n'était pas toujours triste même si elle a eu sa peau (syphilis fatale à 42 ans), vogue au-dessus de l'onde de l'oeuvre entière de l'auteur de La maison Tellier, ce chef-d'oeuvre de l'âge des maisons closes.

Il avait tout pour, ce Lasowski que je découvre mais qui (la page «Du même auteur» ressemble à des diplômes) arrive bardé de science dans les domaines appropriés (libertinage, ardeur, galanterie et véroles). Il s'intéresse à tout ce que l'on attrapait quand on s'appelait Maupassant ou Flaubert, ou Alfred de Poittevin son oncle, et que l'on cherchait, dans chaque quartier, chaque ville, «la maison».

En décortiquant les contes et nouvelles, il trace un itinéraire du bordel au XIXe siècle. Flaubert pouvait se vanter d'avoir «tiré 19 coups en trois jours» et Maupassant avait appris de son oncle que «rien n'est plus respectable qu'un homme qui va au bordel».

Dans l'une de ses nouvelles, Maupassant fait dire à un menuisier qui se confesse auprès d'un curé dont il veut obtenir le contrat de réfection des stalles de l'église: «Quand j'vas t'à la ville, dire que je n'vas jamais dans une maison, vous savez bien dans une maison de tolérance, histoire de rire et d'badiner un brin et d'changer d'peau pour voir, pour ça je n'dis pas... Mais j'paye, monsieur le curé, j'paye toujours, du moment qu'on paye, ni vu ni connu je t'embrouille.»

La Maison Maupassant

Patrick Wald Lasowski

Gallimard, 101 pages

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