Yves Préfontaine publie, depuis Boréal en 1957, une poésie ouverte sur de vastes horizons. Dans une quête qui répète aux «grands vents» que Les Mots tremblent, la poésie d'Yves Préfontaine tient sa promesse entre le chant et le silence. Déployée, elle prend l'air du large. Épurée, elle plonge dans une introspection sans concession.Pour Préfontaine, le poète est un être qui, Parole tenue, incarne la conscience de son époque. Cet engagement habite un territoire qui dans ce dernier recueil englobe la terre entière: «Mythes, fables, narrations sacrées de la poussière planétaire que j'habite malgré moi ...» écrit Préfontaine. Il partage ses réflexions «comme l'écho trouble/de l'Autre emmêlé d'un moi qui vient de fuir soudain vers l'au-delà de soi.». Il faut lire ce poète pour sa constante préoccupation des états du monde dont la poésie se fait le miroir et l'oracle. Ici, les mots sont au coeur du sujet, à dire l'essentiel malgré l'effritement du sens. «Nous te voyons immensément naître, immensément mourir», avance celui qui depuis 50 ans , nomme notre réalité jusqu'aux confins de l'universel. Cette poésie nous invite au voyage: «Oui - les mots tremblent./Ils n'ont pas fini de trembler.» Dans ses questionnements graves sur l'expérience humaine et «la stupéfiante mort de l'avenir», Yves Préfontaine doute, mais garde espoir, sachant que veille «le germe sous la glace». Les mots tremblent est un recueil d'une grande intensité, son «étrangeté» lumineuse comme «un sombre éclat persiste».

 

LES MOTS TREMBLENT

YVES PRÉFONTAINE

L'HEXAGONE

96 PAGES, 14.95$ ****