J'ai eu l'impression, cet été, que se formait, un peu partout, un clan de disciples du «moment présent», qui avaient tous le même gourou: Eckhart Tolle. On offrait ses bouquins dans les fêtes d'anniversaire et on le citait à l'emporte-pièce avec un verre de rosé à la main. Paraît que la papesse Oprah Winfrey voue un culte à l'auteur de A New Earth et The Power of Now.

Son postulat (qui rejoint celui de Matthieu Ricard et autres sages personnages): le bonheur n'est pas ailleurs que dans l'instant présent. Facile à dire, mais l'appliquer est une autre «paire de manches» pour les mortels qui vivent hors d'un ashram ou d'un monastère bouddhiste...

 

Mais, l'important étant de participer et de faire de son mieux, ce noble projet de revenir à soi dans le moment présent est repris dans plusieurs ouvrages de croissance personnelle qui arrivent ces jours-ci en librairie.

Dans La guérison intérieure par l'acceptation et le lâcher-prise, Colette Portelance parle de la nécessité d'accepter et de laisser tomber nos résistances pour ne pas «empêcher le courant naturel de la vie». Se prenant en exemple - elle combat, ou plutôt vit avec le lupus depuis plusieurs années -, cette spécialiste de la relation d'aide nous renvoie à notre «guide intérieur de sagesse» pour faire face aux écueils de l'existence. Accepter la réalité. Ne pas fuir la souffrance. Mettre des mots sur les émotions. «Tant que nous luttons contre ce que nous sommes comme êtres humains, nous restons prisonniers du mental et du monde extérieur», suggère l'auteur.

Mais la guérison intérieure ne survient pas en deux ou trois sessions de méditation. Portelance évoque la nécessité d'identifier ses blessures et leurs origines, comme chemin essentiel vers la paix intérieure. Ainsi, elle décrit sept blessures psychiques: par l'abandon et le rejet, le contrôle et le pouvoir, la culpabilisation, la comparaison, la trahison, l'humiliation et la dévalorisation. À chacun de repérer son «bobo» et de voir comment celui-ci influence son comportement et son rapport aux autres.

Un ouvrage bien documenté - Portelance cite plusieurs auteurs d'horizons très variés, de Tolle à Jacques Salomé, en passant par Jean Monbourquette - qui a la grande qualité d'être écrit dans un style limpide et clair.

Un autre plongeon intérieur

Dans un autre registre (même si on y retrouve plusieurs similarités avec l'ouvrage de Portelance), À qui ferais-je de la peine si j'étais moi-même? plonge lui aussi dans l'intérieur, le présent. Le célèbre Jacques Salomé propose ici de «renoncer à nos autosaboteurs» pour aspirer à des liens plus honnêtes, plus authentiques avec les autres.

Salomé, qui a truffé son ouvrage de poèmes et de pensées, organise sa réflexion de façon plus éparse et moins systématique que Portelance. Tout comme l'auteure de La guérison intérieure par l'acceptation et le lâcher-prise, il identifie toutefois ces «autosaboteurs» qui empoisonnent nos relations et freinent l'accès au bonheur. Par exemple, «l'attirance irrésistible de l'échec», «la pratique de la pensée magique» ou bien «l'auto-accusation à répétition».

Et, à l'instar de Colette Portelance, Jacques Salomé parle de sa propre expérience de la maladie et de la souffrance pour démontrer que la paix intérieure n'est possible qu'en acceptant les obstacles qui se présentent à nous.

La leçon à tirer, toujours la même: faire l'examen de ses comportements, de ses réflexes, les reconnaître et les apprivoiser. C'est alors qu'on peut lâcher prise et accéder à un éveil et à une plus grande créativité. Ici, maintenant, tout de suite!

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La guérison intérieure, par l'acceptation et le lâcher-prise

Colette Portelance, aux Éditions du Cram, 224 pages, 24,95$.

HHH

À qui ferais-je de la peine si j'étais moi-même?

Jacques Salomé, aux Éditions de l'Homme, 224 pages.