L'auteure Dominique Fortier a remporté mardi le Prix littéraire du gouverneur général dans la catégorie «romans et nouvelles» pour son livre Au péril de la mer. L'écrivaine a ainsi été préférée aux finalistes Martine Delvaux, Anaïs Barbeau-Lavalette, Daniel Grenier et Hugues Corriveau.

Dominique Fortier reçoit aujourd'hui le prix littéraire du Gouverneur général dans la catégorie Romans de langue française pour Au péril de la mer, son quatrième roman. Un prix qu'elle n'attendait pas, d'autant plus que la liste des finalistes comportait les titres de deux romans qui ont connu beaucoup de succès cette année, La femme qui fuit d'Anaïs Barbeau-Lavalette (Prix des libraires 2016) et L'année la plus longue de Daniel Grenier (Prix des collégiens 2016).

«Avec l'année littéraire très forte qu'on vient d'avoir, juste de me retrouver finaliste était un grand honneur, dit l'auteure de 44 ans. Je me disais que ça allait s'arrêter là et c'était très correct. J'avais zéro stress.»

«Je ne m'attendais tellement à rien que lorsqu'on m'a appelée pour me dire que j'avais gagné, j'étais certaine qu'il y avait une erreur! J'ai dit: "Vous êtes certain que ce n'est pas le nom au-dessus ou en dessous?"»

Une semaine après avoir appris qu'elle avait gagné, Dominique Fortier n'en revient toujours pas. Celle qui a souvent été finaliste - notamment au prix du Gouverneur général pour son premier roman, Du bon usage des étoiles - est encore tellement émerveillée qu'elle n'a même pas réfléchi à quoi lui servira la bourse de 25 000 $ qu'elle recevra.

«C'est un prix remis par des pairs, donc par des gens qui connaissent le métier. Pour moi, cette reconnaissance signifie surtout que je ne me suis pas trompée de chemin, que je peux continuer», mentionne celle qui dit avoir mis 35 ans avant d'oser écrire, et qui doute toujours autant. «Chaque fois que je termine un livre, je suis certaine que c'est le dernier. Ou qu'il n'intéressera personne.»

Un prix qui la «calme»

Au péril de la mer est un roman qui tranche avec les trois précédents de Dominique Fortier. Un livre plus personnel et «moins lyrique», dit-elle, où elle écrit pour la première fois au je.

«Je trouvais important qu'il y ait un pont entre l'histoire que je racontais et la personne qui la racontait. C'est ce lien qui est le plus intéressant dans le livre, il me semble.» Un aperçu de la nouvelle tangente qu'elle compte prendre? «Je ne sais pas ce que sera mon prochain livre. Je travaille sur plusieurs projets, mais je n'ai pas pris de décision encore.»

Écrire continuera toujours à lui mettre «les nerfs à vif , mais ce prix aura certainement le pouvoir de la calmer - c'est elle qui le dit!

«J'ai toujours travaillé avec une incertitude marquée d'angoisse. Mais à partir de maintenant, j'irai avec plus de confiance. Ce prix, c'est plus qu'un encouragement, car il vient avec une responsabilité: celle d'en être digne.»

Avec ce prix, Dominique Fortier succède à Nicolas Dickner, qui l'avait remporté en 2015 pour Six degrés de liberté. Et c'est une deuxième victoire consécutive pour leur maison d'édition, Alto, qui a fêté l'an dernier ses 10 ans.

«Alto, c'est une petite maison qui a l'audace et le courage de faire de la littérature québécoise autrement. Il y a plusieurs petites maisons comme celle-là au Québec en ce moment. Je suis vraiment contente pour mon éditeur Antoine Tanguay, pour sa maison. Je sais que c'est cliché de dire ça, mais ce n'est pas juste mon éditeur, c'est ma famille pour vrai.»

Madeleine Thien

Du côté de la fiction de langue anglaise, c'est la Montréalaise d'adoption Madeleine Thien qui a remporté le prix du Gouverneur général pour son roman Do Not Say We Have Nothing. Le livre de Madeleine Thien est en nomination pour deux autres prix littéraires: le Booker Prize, dont les résultats seront connus aujourd'hui, et le Giller Prize, remis le 7 novembre.

Notons aussi que le prix du Gouverneur général de la meilleure traduction du français à l'anglais a été remis à Lazer Lederhendler pour The Party Wall, sa traduction du roman Le mur mitoyen de Catherine Leroux, paru il y a trois ans chez Alto. The Party Wall est aussi en nomination au Giller.