L'édition commentée de Mein Kampf en Allemagne, disponible pour la première fois depuis 1945, a rencontré un tel intérêt auprès du public qu'un nouveau tirage de l'ouvrage pamphlétaire d'Adolf Hitler est en cours, a indiqué jeudi l'institut chargé de la publication.

«C'est vrai», la demande est énorme, a indiqué à l'AFP Simone Paulmichl, la porte-parole de l'Institut d'histoire contemporaine (IfZ) de Munich, à l'origine de cette édition critique. Ceux qui ont commandé l'ouvrage publié en deux volumes doivent «tabler sur un certain délai d'attente» avant de recevoir leur exemplaire, a-t-elle ajouté.

L'IfZ avait dans un premier temps prévu d'éditer Mein Kampf, une édition critique à 4000 exemplaires mais dès le premier jour de sa mise en vente, vendredi dernier, «15 000 exemplaires avaient été précommandés» par des libraires, a-t-elle souligné.

Elle n'était pas en mesure de dire combien d'exemplaires à 59 euros l'unité avaient été distribués à ce jour.

«D'après ce que nous rapportent les libraires, il y a beaucoup d'historiens ou de scientifiques» qui souhaitent acquérir ce pamphlet à des fins pédagogiques. «Mais il touche aussi un public plus large de clients qui s'intéressent à la politique et à l'histoire en général» et veulent savoir ce que le dictateur nazi, à l'origine de l'extermination de six millions de Juifs, a vraiment écrit, selon Mme Paulmichl.

Elle a en revanche assuré qu'il n'y avait «en aucun cas des signes» que cette demande accrue puisse venir de nostalgiques du 3e Reich ou de néonazis, rappelant que l'ouvrage était assorti de 3500 notes historiques explicatives et critiques.

Depuis le 8 janvier, Mein Kampf, rédigé par Hitler en 1924 et 1925 alors qu'il croupissait en prison après un putsch raté, est pour la première fois disponible en Allemagne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Sa réédition a été rendue possible car les droits sur l'ouvrage, détenus par la Bavière depuis 1945, sont tombés dans le domaine public le 1er janvier.

La publication de Mein Kampf, même dans une édition commentée par des historiens de près de 2000 pages, a suscité des réserves en Allemagne et ailleurs, notamment au sein de la communauté juive.

Depuis la fin de la Guerre, le brûlot antisémite n'était pas interdit en Allemagne mais les autorités bavaroises s'opposaient à toute réédition.

Texte fondateur du nazisme, Mein Kampf (Mon Combat en français), qui évoque le projet d'extermination des Juifs, est le seul ouvrage rédigé par le Führer.