Montréal accueillera cet été le plus important congrès mondial de littérature fantastique et de science-fiction, auquel plus de 3500 participants sont attendus.

Organisé par la Société mondiale de science-fiction, l'événement Anticipation 2009 se déroulera du 6 au 10 août au Palais des congrès.

Tourisme Montréal évalue à 8,4 millions $ les retombées d'un congrès de cette importance, surtout au profit des secteurs de l'hôtellerie et de la restauration.

Il s'agit de la première fois que ce congrès, qui réunit auteurs et amateurs de littérature fantastique et de science-fiction, se déroule dans une ville francophone, souligne René Walling, coprésident du congrès.

«Il y a toujours une dominance du monde anglophone non seulement dans la convention, mais aussi dans le milieu de la science-fiction», dit-il.

«On n'a qu'à se rendre dans une librairie, même une librairie uniquement francophone, dans la section science-fiction, et il y a facilement les trois quarts des livres sinon plus qui sont des traductions de l'anglais.»

Le milieu est cependant beaucoup plus diversifié, souligne-t-il.

«Il y a plein de choses qui se font en français - dans plusieurs autres langues aussi - mais on se concentre sur le français à Montréal. On veut que les gens découvrent  ce qui se fait. Parce que si on parle aux gens, la science-fiction francophone, s'ils ne sont pas eux-mêmes francophones ou même avec des francophones, pour eux c'est Jules Verne et c'est tout.»

Invitée d'honneur, l'auteure Elisabeth Vonarburg, récipiendaire de nombreux prix pour ses oeuvres de science-fiction, abonde dans le même sens.

«Comme auteure de science-fiction, je suis bien contente, parce que c'est LE grand événement de science-fiction de l'année, dit-elle. C'est la convention dite mondiale; d'ordinaire ça se passe aux Etats-Unis et, de temps en temps, ils vont faire un tour chez les «étranges'! Et c'est une occasion pour les «étranges» en question de dire «Eh, oh! On existe!» Et quand ils sont francophones, ils existent beaucoup moins que ceux qui parlent anglais.»

Elle y voit une chance inespérée d'élargir les horizons des amateurs.

«C'est une occasion de se faire voir, de se faire entendre, ajoute-t-elle. C'est une vitrine extraordinaire. C'est aussi un peu une espèce de consécration parce qu'il y a un milieu de la science-fiction francophone très actif, à Montréal en particulier, aussi bien qu'au Québec en général, qui existe depuis le début des années 1970.»

Mme Vonarburg, d'origine française mais établie à Saguenay depuis 1973, est également au nombre des directeurs littéraires de la revue québécoise Solaris, qui publie des histoires fantastiques et de science-fiction depuis plus de 30 ans.

Le grand public a tendance à regarder la littérature fantastique et de science-fiction de haut, bien que celle-ci abrite de très grands auteurs. Lauréate du prix Nobel de littérature en 2007, Doris Lessing a notamment écrit plusieurs ouvrages classés dans le genre de la science-fiction et le prix Pulitzer 2007 a été attribué à l'auteur Cormac McCarthy pour «La Route», un roman d'anticipation post-apocalyptique.

Le congrès Anticipation 2009 sera d'ailleurs le théâtre de la remise annuelle des prix Hugo, les Oscars de la littérature fantastique et de science-fiction, qui honorent à chaque année les meilleurs auteurs du genre dans diverses catégories. Puisque le congrès a lieu à Montréal, on y remettra également les prix Aurora, prix canadiens de science-fiction et de fantastique, ainsi que les prix Boréal, leur équivalent québécois.

René Walling fait valoir, par ailleurs, que la science-fiction fait partie de la vie de tous les jours.

«Le communicateur de Star Trek qui se plie en deux a inspiré les téléphones cellulaires qui se plient en deux, souligne-t-il. L'Internet était de la science-fiction il n'y a pas si longtemps: taper une question et obtenir une réponse de l'ordinateur, nous sommes rendus là.»

Il ajoute que la force de cette littérature repose dans sa capacité d'anticiper.

«La science-fiction permet d'explorer des questions avant d'être confronté aux problèmes, dit-il. Le problème de l'environnement, par exemple, la science-fiction en parle depuis les années 1950. Elle oblige à une certaine prise de conscience en projetant dans l'avenir les conséquences des gestes que l'on pose.»

Il reconnaît, cependant, que les auteurs n'ont pas réponse à tout et que, de toute façon, ce n'est pas là leur objectif ultime.

«Poser des questions, c'est l'essence de la science-fiction. 'Qu'arriverait-il si...?» Elle tente d'y répondre, mais l'idée ce n'est pas d'avoir la bonne réponse. Ce qui est important, c'est le processus de réflexion.»