L'auteure de Rien ne s'oppose à la nuit et D'après une histoire vraie nous revient avec un roman tout court et hypersensible. Et nous confirme qu'elle est une grande écrivaine.

Alors, il est comment, le nouveau de Vigan?

Il est très bon. Sensible. Prenant. La romancière sait bien qu'on l'attendait avec impatience. Plutôt que de sortir les gros canons, elle revient tout en douceur avec ce roman très fin qui raconte l'histoire d'un garçon, Théo, 12 ans, en garde partagée, tiraillé entre sa mère aigrie et son père chômeur en détresse. Une enseignante très empathique, Hélène, s'inquiète pour lui au point d'en faire une obsession. C'est tout court (205 pages), mais ça vous happe dès les premières pages.

Les personnages

Esquissés par petites touches, les personnages imaginés par Delphine de Vigan ne sont pas tous aimables, mais ils sont néanmoins attachants. Théo, qui souffre en silence, si attentif à ne pas blesser ses parents. Sa mère, jamais remise de sa séparation, et son père, véritable épave, échouent complètement dans leur rôle de parent.

Son enseignante est tout aussi bouleversante, elle qui a vécu une enfance difficile qui la fait s'identifier au jeune Théo. Mathis, l'ami fidèle, et sa mère Cécile, une cinquantenaire en crise, complètent le tableau. Des gens ordinaires aux prises avec des drames plus grands qu'eux, dans une atmosphère un peu étouffante. On imagine un décor beige ou gris.

Le style de Vigan

C'est dans les détails qu'on reconnaît la force de Delphine de Vigan, dans son sens de l'observation, sa sensibilité à décrire les maux de l'âme, les ruminations, les crises familiales qui se jouent derrière les façades de respectabilité et de convenance. À travers le personnage d'Hélène, elle construit un suspense autour du jeune Théo. On se surprend à s'inquiéter de plus en plus pour ce jeune garçon si émouvant. Le récit est construit avec intelligence et délicatesse.

On le lit?

Tout à fait. Il s'inscrit dans la suite des romans de Delphine de Vigan comme No et moi ou Les heures souterraines. Moins flamboyant que son précédent, mais pas moins important. C'est ce qui s'appelle construire une oeuvre.

image fournie par Grasset

Les loyautés, de Delphine de Vigan