Véronique Drouin a récemment terminé un feuilleton dystopique, Amblystone, sous le pseudonyme de M.V. Fontaine. Elle se tourne maintenant vers l'horreur avec La guillotine, qui suit l'histoire de jeunes gens intrigués par une maison hantée après un crime sordide. En l'honneur de l'Halloween, La Presse s'est entretenue avec la romancière de Sherbrooke.

Comment avez-vous eu l'idée d'écrire une histoire d'horreur?

C'est le premier livre que j'ai écrit, à 14 ans. Je venais de découvrir l'écriture et à l'époque, j'aimais les romans d'horreur. C'était affreux, vraiment mauvais, même si je l'avais repris à 15 ans de manière plus rigoureuse. J'avais tout réécrit à la machine à écrire. Ça trahit mon âge! Quand j'ai fini Amblystone, que j'ai mis trois ans à écrire et qui m'a demandé énormément d'énergie, j'avais besoin de changer de direction, de trouver un sujet pas nécessairement plus léger, mais qui serait moins exigeant. J'étais prête à revenir à ce premier livre, à ce monde qui avait tant fasciné l'ado que j'étais. Le roman d'horreur ne se fait pas beaucoup au Québec, ou alors seulement avec le torture porn. Je voulais revenir à un ton plus jeune, campfire classic.

Des inspirations?

Stephen King avec Cujo, ou alors un vieux film de John Carpenter, In the Mouth of Madness, qui montre la folie. J'ai beaucoup aimé plus récemment le côté psychologique du film The Ring. C'est un peu là que je voulais aller. Je ne m'imaginais pas réinventer l'histoire de la maison hantée, simplement lui donner une twist psychologique.

Vous aimez les personnages féminins. Pourquoi?

Je ne quitte jamais le monde féminin. Ce ne sont pas des femmes qui ont peur ou qui sont soumises. Il y a aussi dans La guillotine le personnage de Will, un peu gros, qui frime. J'aime tout le temps mes personnages, mais le pauvre, je l'ai magané un peu. Je voulais avoir des personnages qui ont une façade. Dès qu'on entre dans la maison, la façade commence à s'écailler. Je ne parle pas d'hypocrisie. Les gens ont enfoui des choses au fond d'eux pour pouvoir vivre normalement. Mais quand on garde des choses en nous trop longtemps, ça fait comme une marmite qui bout.

Dans Amblystone aussi, il y avait quelque chose de dangereux, caché dans les profondeurs de la Terre.

Oui [rires]. On a ses obsessions comme auteur. Ça revient souvent. Pas dans les livres de Robin Sylvestre [série jeunesse], mais dans La chatière, un roman adulte, c'est pas mal ça. J'ai une fascination pour les secrets bien gardés.

Les jeunes héroïnes, c'est à la mode avec toutes les séries Young adults publiées aux États-Unis.

J'ai commencé à penser à Amblystone en 2008-2009, avant Hunger Games. Je n'ai jamais eu l'intention de surfer sur cette vague. À l'époque, la mode était plutôt à la bit-lit, genre Twilight.

Pourquoi avoir choisi de jeunes adultes pour La guillotine?

La collection Magellan s'adresse aux plus de 14 ans, donc il faut des héros à l'université. Mais il y a une logique derrière le fait de s'adresser à cet âge avec une histoire d'horreur: les jeunes consomment davantage de littérature de genre, notamment de l'horreur. J'ai adouci certaines scènes pour avoir moins de descriptions.

Vos lecteurs sont-ils plus des lectrices?

Ma première série, L'archipel des rêves, était lue par des garçons même s'il s'agit d'une héroïne. Pour Amblystone, j'ai eu davantage de commentaires d'hommes. Beaucoup pensaient que j'étais un homme et certains, quand ils ont su que j'étais une femme, m'ont accusée de misandrie, de montrer les hommes comme des méchants.

Justement, pourquoi avoir choisi un pseudonyme pour Amblystone?

Tout d'abord parce que je voulais me démarquer de mes livres précédents en jeunesse. Ensuite, parce que je trouve qu'en science-fiction, les femmes ont encore de la difficulté à faire leur place. On encourage beaucoup les femmes à aller vers l'intime, la maternité, le couple. Que les gens pensent que j'étais un homme était pour moi une petite victoire. Et finalement, je ne voulais pas être comparée à Hunger Games.

Sur quoi travaillez-vous en ce moment?

C'est un coup de dés, personne ne l'attend. C'est historique, victorien et ça se passe à Montréal. Après, j'aimerais beaucoup retourner sous le pseudonyme de M.V. Fontaine pour explorer le biopunk. J'aime beaucoup La fille automate de Paolo Bacigalupi.

__________________________________________________________________________

La guillotine. Véronique Drouin. Magellan - Québec Amérique, 253 pages.

PHOTO FOURNIE PAR QUÉBEC AMÉRIQUE

La guillotine, de Véronique Drouin