Un fil à la fois, la carrière d'Isabelle Arsenault se tisse fort solidement. Carrière américaine, notamment, avec la grande Louise Bourgeois en toile de fond.

La carrière américaine d'Isabelle Arsenault est sur une vraie lancée. Elle écrit et illustre présentement un album qui sortira l'an prochain chez nos voisins du Sud, puis qui sera traduit par La Pastèque.

«C'est inspiré beaucoup de Montréal, explique l'artiste en entrevue dans son atelier montréalais. Ça s'appelle The Mile End Kid's Story. L'univers des enfants dans ce livre, c'est la ruelle. Ça va super bien aux États-Unis. Comme illustrateur au Québec, on n'a pas le choix de s'exporter. Le marché américain est tellement grand qu'un livre comme Cloth Lullaby peut me faire vivre.»

Cet album écrit par Amy Novesky et illustré par Isabelle Arsenault vient de sortir chez La Pastèque sous le titre Une berceuse en chiffons - La vie tissée de Louise Bourgeois. Il a été publié en mars aux États-Unis par Abrams.

«Mon agente de New York m'a présenté l'éditrice. Le sujet m'intéressait énormément. Abrams publie beaucoup de livres d'art, donc je sentais qu'il y avait une réelle sensibilité de leur part. Ils voulaient quelque chose de personnel autour de Louise Bourgeois, et ça m'a donné confiance. Après, ça s'est fait tout seul.»

Façon d'esquisser. Il faut dire que le travail de préproduction aura été long, mais fructueux.

«Je ne connaissais pas la totalité de son travail. Sa production est immense, autant en sculpture, tissage que peinture. J'ai fait beaucoup de recherche visuelle à son sujet.»

«J'ai utilisé des motifs présents dans son travail qui consistait souvent à les juxtaposer. Je voulais montrer la source de son imaginaire. Louise Bourgeois a toujours été fidèle à elle-même.»

L'illustratrice montréalaise dit s'être aussi inspirée de la palette de couleurs de l'artiste française naturalisée américaine qui s'est éteinte à 98 ans en 2010.

«Le rose, par exemple, c'est l'une de mes couleurs préférées. Dans mon travail, j'ai de la retenue face à la couleur, mais de m'approprier celle d'une artiste, c'est comme si une partie du travail était fait.»

Couleurs et trames

Couleurs et trames diverses sont au rendez-vous de ce récit de la vie touchante de Louise Bourgeois. Sa mère réelle était tisserande et sa mère spirituelle, l'araignée, aussi.

«Il y a beaucoup de références au travail de Louise, à ses outils, ses thématiques dans le livre. Mes pages en bleu renvoient aussi à un tableau de Louise Bourgeois. Tous les morceaux sont en relation avec ses créations. C'est un hommage finalement.»

Isabelle Arsenault a dédié le livre à sa propre mère, aussi artisane. «C'est une couturière», dit-elle. 

«Le travail des artisans me touche énormément. Tous ceux et celles qui travaillent avec leurs mains, j'adore ça.»

«J'ai voulu que les personnes connaissant Louise Bourgeois s'y retrouvent aussi, ajoute-t-elle. Le texte était super inspirant, pas trop descriptif, presque poétique. J'aime beaucoup les textes qui ouvrent des portes sur l'imaginaire.»

Éducation artistique

En illustration jeunesse pour y rester, Isabelle Arsenault s'est justement donné pour mission de permettre aux enfants d'être sensibilisés aux arts et aux grands artistes. Après Virginia Wolf (avec l'auteure Kyo Maclear) et Jane Eyre (pour le texte de Fanny Britt, Jane, le renard et moi), place à Louise Bourgeois.

«J'aime toucher les gens et leur donner le goût de créer avec mes dessins. Ils font beaucoup de dessins, les enfants, mais je trouve ça important de les mettre en contact avec des artistes marquants. Offrir l'émerveillement aux enfants, c'est important.»

Cet été, elle met la dernière main aux illustrations de sa deuxième collaboration avec Fanny Britt, Louis parmi les spectres, qui sortira à l'automne.

«C'est l'univers d'un garçon ado dont les parents sont séparés. Il a des démons et a peur de foncer dans la vie parce que son modèle de père est déficient. Le récit tourne autour du courage nécessaire pour avancer dans la vie. Je crois que c'est inspirant pour les jeunes d'aborder des thèmes plus matures.»

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Une berceuse en chiffons. Amy Novesky et Isabelle Arsenault. Traduit de l'anglais par Sophie Chisogne. La Pastèque, 42 pages.

IMAGE FOURNIE PAR LA PASTÈQUE

Une berceuse en chiffons, d’Amy Novesky et Isabelle Arsenault