Gillian Anderson s'est fait connaître avec le personnage de Dana Scully dans les X-Files. La comédienne américaine de 47 ans retourne dans la peau de la pathologiste Scully cet hiver, alors que sort en français le premier tome d'une trilogie de science-fiction qu'elle écrit avec le romancier Jeff Rovin. La Presse s'est entretenue avec elle.

Question: Comment avez-vous eu l'idée du livre?

Réponse: Un ami commun nous a suggéré, à Jeff et à moi, que nous nous rencontrions pour écrire un livre se déroulant dans le monde de la science. La séance de remue-méninges [brainstorming] a été très intéressante. Il était important pour nous deux de traiter de problèmes contemporains, de l'impact que nous avons sur cette planète.

Question: Était-il important pour vous que l'héroïne soit une scientifique, comme votre personnage de Scully dans les X-Files?

Réponse: Elle n'est pas scientifique, mais psychologue. Il n'est pas possible d'avoir des dialogues intéressants si l'héroïne n'a rien à dire. Il est important que les personnages féminins soient forts et intelligents.

Question: La famille de l'héroïne est très atypique. Elle élève seule son fils sourd, lui a donné le choix de porter ou non un appareil et refuse toute implication parentale du père. Avez-vous un intérêt particulier pour la modernité de la famille?

Réponse: Non, pas vraiment. Il était important pour notre scénario que l'enfant soit sourd. L'héroïne n'avait pas à être célibataire, mais ça rend son personnage plus intéressant au fil des pages.

Question: Pourquoi avoir choisi la science-fiction?

Réponse: Les personnages sont plus faciles à camper, même s'ils ne sont pas des superhéros. Aussi, j'ai une certaine crédibilité en science-fiction avec mon personnage des X-Files. On s'est dit que ça pourrait intéresser les fans de la série.

Question: Êtes-vous une fan de science-fiction?

Réponse: Au départ non, mais avec les années je me suis rendu compte que certaines tendances du genre sont importantes pour moi. Dans mon enfance, j'avais beaucoup aimé Star Wars, Close Encounters of the Third Kind, mais je l'avais oublié.

Question: Des sociologues ont identifié un «effet Scully» qui a poussé de jeunes femmes à étudier la médecine. Est-ce une influence que vous voulez faire fructifier avec le personnage de votre trilogie?

Réponse: Je ne m'en suis jamais rendu compte quand les X-Files étaient à la télévision. Je l'ai appris par après. C'est évidemment merveilleux d'encourager les jeunes, particulièrement les filles, à explorer des zones de la société où ils ne se sentent pas les bienvenus.

Question: L'héroïne fait appel à l'hypnose et à d'autres concepts de la spiritualité asiatique. Vous y intéressez-vous?

Réponse: Ça fait longtemps que la spiritualité asiatique m'intéresse. Mon coauteur, Jeff, aussi. Il fait des arts martiaux. J'ai commencé à méditer à l'université, mais tout ça me fascine depuis l'école secondaire. Mon frère est un bouddhiste pratiquant qui a étudié la spiritualité tibétaine. Ça fait partie de ma famille.

Question: La trilogie a une dimension environnementaliste. Est-ce important pour vous?

Réponse: Oui, depuis les années 90, quand je tournais les X-Files. J'avais été pressentie par plusieurs organismes écologistes à cause de la popularité de mon personnage et je me suis rendu compte que j'adhérais à leurs vues.

Question: Vous publierez bientôt un livre «thérapeutique» [self help] avec la militante féministe britannique Jennifer Nadel. Pourquoi?

Réponse: Ce n'est pas le moment d'en parler.

Question: Votre biographie mentionne que votre mère était informaticienne et que votre père travaillait dans l'industrie du cinéma. Ont-ils eu une influence sur votre carrière et les rôles que vous choisissez?

Réponse: Ma mère faisait du traitement de texte. Mon père a fait l'école de cinéma à Londres, puis a travaillé sur des films industriels au Michigan. Je ne pense pas qu'ils ont influencé ma carrière d'artiste.

Question: Tout comme les X-Files, votre trilogie est une enquête. Est-ce un genre que vous aimez?

Réponse: Pas vraiment. C'est tout simplement qu'il y a beaucoup de films autour d'enquêtes criminelles. Nous vivons à une époque où ce qui intéresse les gens est de moins en moins varié. Les thrillers semblent être au sommet de cette liste. Je pense que les criminels intéressent le public parce qu'on veut savoir pourquoi on commet ou non des crimes.

Question: Qu'est-ce qui explique selon vous ce manque de variété du cinéma et de la littérature?

Réponse: Peut-être sommes-nous à court d'idées. Ça fait longtemps que les films et la télévision existent, il y a de plus en plus d'idées régurgitées, des superhéros, des vampires.

Question: Que lisez-vous en ce moment?

Réponse: (Moment d'hésitation) Le dernier livre que j'ai vraiment aimé est The House of Grief [de Helen Garner], qui raconte un procès réel pour meurtre en Australie.

Question: Quel film ou quelle série télé avez-vous récemment apprécié?

Réponse: J'ai regardé City of Gold, un documentaire sur un critique de restaurant qui se spécialise dans les bouis-bouis [mom and pop] ethniques à Los Angeles. Il fait connaître ces restaurants. En une semaine, leur clientèle explose et la file d'attente se rend jusqu'à l'intersection.

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Visions de feu. Gillian Anderson et Jeff Rovin. Bragelonne, 288 pages. 

La trilogie Earthend Saga

Visions de feu est le premier tome d'une série de science-fiction apocalyptique, Earthend Saga, qui a déjà deux titres en anglais (le deuxième est A Dream of Ice). L'héroïne est une psychologue adepte de spiritualité orientale qui enquête sur des comportements mystérieux d'adolescents et d'animaux aux quatre coins du globe, sur fond de tensions géostratégiques entre l'Inde et le Pakistan. Au coeur de l'histoire est une ancienne civilisation qui contrôle toujours la Terre, et qui se servira du fils de l'héroïne pour la combattre.

IMAGE FOURNIE PAR LA MAISON D'ÉDITION

Visions de feu, de Gillian Anderson et Jeff Rovin