Éternel optimiste, incorrigible romantique, Marc Lévy ne publie que des livres à méga succès. Son nouveau, L'horizon à l'envers, allie romance et science-fiction sur fond d'intelligence artificielle. La Presse l'a rencontré à New York où il réside depuis plusieurs années.

Le coup de foudre

Marc Lévy n'avait pas prévu écrire L'horizon à l'envers. En septembre dernier, il planchait sur un tout autre roman lorsqu'il est tombé sur l'histoire de Kim Suozzi et Josh Schisler. Atteinte d'un cancer intraitable, Kim Suozzi s'était fait faire une cryogénie du cerveau à 23 ans avec l'aval et le soutien de son amoureux. Son rêve? Reprendre vie, un jour, grâce aux progrès de la science.

«J'ai lu un article dans le New York Times qui relatait leur histoire et cela m'a bouleversé. Il y avait leur photo. J'ai eu envie d'écrire une sorte de "Roméo et Juliette 3.0". Cela m'a vraiment pris au coeur et aux tripes. J'ai tout de suite su qu'un jour j'écrirais leur histoire», précise l'auteur à l'immuable barbe de trois jours.

Ce qu'il ne savait pas, c'est qu'il s'y mettrait si vite. Quelques jours à peine après avoir lu l'article, il se collait à L'horizon à l'envers, un roman de science-fiction conjuguant amour et neurologie, intelligence artificielle et conscience humaine.

«J'étais complètement possédé. D'habitude, il me faut beaucoup plus de temps que cela pour nourrir une histoire. Mais là, j'avais l'impression d'être hanté par Hope [le personnage inspiré par Kim].»

Éternel optimiste

Dans la réalité, les chances que Kim Suozzi reprenne un jour conscience sont infinitésimales. Un scan post-cryogénie a révélé qu'une bonne partie de son cerveau est déjà fortement endommagée.

Évidemment, le récit de Marc Lévy est bien plus optimiste (et rocambolesque). Sans trop révéler de détails, on peut dire que Josh, étudiant en neurosciences, décide de sauvegarder la mémoire et la conscience de sa dulcinée sur support numérique.

Roméo retrouvera-t-il sa Juliette numérisée? Si vous connaissez Lévy, vous connaissez la réponse.

Amour impossible

Dans les livres de l'auteur français, l'amour triomphe souvent de tout, particulièrement du réalisme. Son premier roman, Et si c'était vrai..., racontait l'histoire d'amour entre un homme et une femme dans le coma. Dans L'horizon à l'envers, Josh et Hope espèrent continuer à s'aimer par-delà la mort. 

Comment Marc Lévy explique-t-il sa fascination pour les histoires d'amour improbable? «En fait, ce qui m'inspire, ce n'est pas l'amour impossible. C'est de le rendre possible. C'est cela la vraie source d'inspiration, parce que c'est porteur d'espoir», explique-t-il.

Ils vécurent heureux... 

Marc Lévy assume sans complexe son optimisme forcené. «C'est une envie de résistance, plaide-t-il. Aujourd'hui, on vit dans une époque où "l'intelligence consacrée" nous décrit un avenir plus noir et triste que l'ennui. Je ne suis pas d'accord avec cette intelligence-là. Je n'en peux plus d'ouvrir la télévision et d'entendre cette surenchère de qualificatifs dramatiques pour capter l'auditoire et terrifier le public.»

À la morosité ambiante, il répond par une quasi-garantie de «happy ending» servie sur un lit d'optimisme. «J'ai évoqué ce sujet dans mon précédent roman, rappelle-t-il. Dedans, l'héroïne s'en prend au romancier qui veut que son roman se termine mal. Elle l'engueule et lui dit: "Vous ne trouvez pas qu'il y a assez de misère sur terre et vous allez demander aux gens de payer pour une histoire qui va les emmerder, qui va les attrister?"» 

Un romantisme assumé

Le New-Yorkais d'adoption se considère comme aussi romantique que ses personnages. «Le romantisme, c'est le respect de l'autre. Dire à quelqu'un "je t'aime", c'est bien beau, mais le montrer l'est encore plus. Et la façon dont l'amour s'exprime - parce que l'amour est un langage -, c'est au travers du romantisme», soutient-il. 

Monsieur populaire

Si les critiques ne sont pas toujours tendres à l'égard de son style, jugé «minimaliste voire minimal» par certains, Marc Lévy n'a guère de raison de s'en soucier. S'il ne collectionne pas les prix littéraires, il accumule les succès de librairie. 

«La plus belle récompense qui peut arriver à un écrivain dans la vie, c'est d'avoir des lecteurs.»

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Marc Lévy sera au Salon du livre de Québec, au stand des Éditions Robert Laffont, le vendredi 15 avril et le samedi 16 avril.

IMAGE FOURNIE PAR LES ÉDITIONS ROBERT LAFFONT

L’horizon à l’envers, de Marc Lévy