Patrick Senécal a visité pour la dernière fois le cégep de Saint-Trailouin, là où travaille Sarkozy, le personnage principal de sa série Malphas. Dans ce quatrième tome, les lecteurs pourront enfin assembler tous les morceaux du puzzle de son enquête. Entrevue avec l'auteur, qui s'est éloigné du thriller fantastique pour pondre cette série d'aventures au ton humoristique.

Tu viens de terminer le dernier tome, Grande liquidation. Comment s'est passée l'écriture?

Ç'a été très compliqué, parce que c'est le dernier tome. Il fallait que toutes les cordes que j'ai fait pendre pendant les trois premiers tomes s'attachent. Il ne fallait pas que des gens se disent: «Ben voyons, on n'a pas de réponse pour ça ou ça!» À un moment donné, mon écriture était presque mathématique, on aurait dit que je plaçais des pièces sur un échiquier pour que tout arrive en même temps. Et finalement, ça a marché! Je suis content!

Lorsque tu as écrit le premier tome, tu as dit que tu n'avais jamais eu autant de plaisir à écrire. Est-ce que ce plaisir est demeuré jusqu'à la fin?

Oui! En fait, peut-être que j'ai eu moins de plaisir pour le dernier, parce que c'était compliqué, mais je me suis fait rire. Je me trouve drôle; j'imagine que c'est bon signe! (rires)

Il est question du printemps érable dans cette conclusion.

C'est pendant que j'écrivais le tome 3, en 2012, que la grève étudiante s'est déclenchée et qu'elle a pris les proportions qu'on connaît. Puisque j'étais en train d'écrire une série qui se passe dans un cégep, je me suis dit que je ne pouvais pas passer à côté de ça. La grève arrive assez tard à Malphas, mais évidemment quand elle arrive, tout est pire qu'ailleurs et ça prend des proportions assez épouvantables.

Et pour ton prochain roman, vas-tu t'éloigner du style humoristique pour te rapprocher de quelque chose de plus noir?

Je m'ennuie d'un thriller à la Senécal comme j'en faisais avant. Je ne sais pas si je vais aller dans quelque chose d'aussi heavy que Hell.com, mais j'ai le goût de quelque chose de plus sombre.

Mais tu avais dit après ton cycle très noir (Hell.com, Le vide et Contre Dieu) que c'était terminé, que c'était ta crise de la quarantaine et que tu avais réglé tes bibittes.

J'ai réglé certaines bibittes, mais je ne les ai pas toutes réglées. C'est-à-dire que je ressentais une colère, j'avais une colère dans la quarantaine que j'ai exprimée. Et dans Contre Dieu, j'ai aussi parlé de la peur de perdre tout ce que j'ai: ma famille, mes enfants, mes acquis. Dans ces trois livres-là, il y avait quelque chose de très pessimiste et je pense que j'avais besoin d'aller au bout de ça. Mais ensuite, j'avais le goût de respirer. J'ai donc fait ma série Malphas, avec un ton humoristique. Là, est-ce que je vais écrire quelque chose d'aussi pessimiste que ce que j'écrivais avant? (Silence) L'idée que j'ai en tête n'est pas très optimiste en tout cas, mais ce ne sera peut-être pas aussi pessimiste que mes autres.