José Rodrigues dos Santos est le présentateur de l'un des bulletins d'informations télévisés les plus écoutés au Portugal. Il est également auteur à succès de thrillers qui mêlent religion et physique. Dans un pays de 10 millions d'habitants, ses romans s'écoulent à 150 000 ou 200 000 exemplaires dans leur langue originale, et les ventes mondiales de La formule de Dieu dépassent les 2,5 millions d'exemplaires. La Presse l'a rencontré récemment dans un hôtel montréalais, où l'a amené la tournée de promotion de son nouveau livre, La clé de Salomon.

Comment avez-vous eu l'idée de La clé de Salomon?

Je m'intéresse depuis toujours à la question de la vérité. C'était le sujet de ma thèse de doctorat en journalisme. Pour ce livre, je suis parti de recherches sur les expériences de mort imminente, quand les gens meurent pendant quelques minutes et décrivent un état très particulier. Est-ce que ça pourrait être l'âme ? Est-ce qu'il se pourrait que ce soit le même phénomène que les expériences de physique qui montrent que la réalité n'existe pas tant qu'on ne l'observe pas ? Je pars toujours de bouquins sur lesquels je tombe.

D'où est venue l'idée de confier vos enquêtes à un historien? Vous êtes-vous inspiré de Dan Brown?

Comme mon personnage traite de sujets scientifiques, il ne peut pas être policier. Et sa position d'historien lui permet d'aborder la question du rapport entre science et religion, qui intéresse beaucoup les gens. Je ne suis pas un Dan Brown : lui, il change la réalité pour servir la fiction. Je veux que les faits que je relate soient vrais. Pour chaque bouquin, j'ai un réviseur spécialiste du domaine abordé, qui vérifie ce que je présente.

Justement, vous écrivez que le tombeau de Talpiot est fort probablement celui de Jésus, alors que c'est l'opinion d'une minorité de scientifiques. Pourquoi?

Si certains pensent que c'est possible, et même fort probable, pourquoi pas? L'objectif fictionnel était de trouver de l'ADN de Jésus pour le cloner. Je ne pouvais pas faire ça avec le suaire de Turin, qui est un faux. Alors Talpiot était la meilleure solution.

Souscrivez-vous, comme beaucoup de journalistes d'Europe continentale, à l'affirmation voulant que l'objectivité soit impossible, et donc qu'il est inutile d'éliminer les opinions des reportages?

La presse, au Portugal, est plutôt calquée sur le modèle anglo-saxon, avec une séparation des reportages et des opinions, à cause de l'influence britannique. Ceci dit, je pense qu'il est impossible d'être objectif. Par exemple, si vous publiez un article disant: «Montréal a perdu contre New York», c'est votre point de vue. Vous auriez pu écrire que New York a gagné. Ça reflète votre opinion voulant que vos lecteurs s'intéressent plus à l'équipe de Montréal.

Un autre romancier lusophone, Paulo Coelho, a lui aussi connu du succès avec des romans à saveur religieuse. Y a-t-il un lien?

C'est très différent. Je n'écris pas seulement sur la religion. Elle est beaucoup moins présente dans La clé de Salomon, par exemple. Et j'ai un roman basé sur l'économie et la crise financière.

Votre goût pour la littérature vient-il de votre famille?

Non, mon père était médecin et ma mère, pharmacienne. Je suis né au Mozambique, j'ai vécu la décolonisation, j'ai aussi habité Macau.

Votre vie dans plusieurs pays influence-t-elle votre travail de romancier?

Ça m'aide pour mes descriptions. Le lecteur voyage avec mon personnage. Ceci dit, j'ai aussi beaucoup voyagé comme correspondant de guerre.

Votre succès est impressionnant compte tenu de la population du Portugal. Est-il attribuable à des ventes au Brésil?

Non, il y a trop d'analphabétisme. Même à l'international, il y a des curiosités. Les trois livres qui ont été traduits en français, La formule de Dieu, L'ultime secret du Christ et La clé de Salomon, ne l'ont pas été en anglais. La première enquête de l'historien Noronha, Codex 632, sur Christophe Colomb, a été traduite en anglais, mais pas en français. Et la sortie de La Clé de Salomon a eu lieu en français avant le portugais, parce qu'en France, les sorties se font au printemps et au Portugal, à l'automne [la série Noronha compte trois autres titres non traduits].

L'un de vos livres sera-t-il porté à l'écran?

Tous ont des options, mais c'est un domaine que je ne maîtrise pas. Jeffrey Archer [écrivain et politicien britannique qui a fait de la prison pour parjure] me disait : « Tous mes bouquins ont été achetés par Hollywood, mais aucun film n'est sorti. Ils achètent les droits de centaines, voire de 1000 livres par année, mais ils ne font qu'une vingtaine de films. »

LA CLÉ DE SALOMON

José Rodrigues dos Santos

HC Éditions, 510 pages