Révélée par son premier roman, La petite et le vieux, Grand Prix de la relève Archambault 2011, Marie-Renée Lavoie est rapidement de retour avec Le syndrome de la vis, un roman sur l'insomnie écrit par une insomniaque professionnelle.

Marie-Renée Lavoie n'en espérait pas tant lorsqu'elle a publié en 2010 son premier roman, La petite et le vieux, qui a suscité un bel engouement: finaliste au prix France-Québec, au Prix des cinq continents, gagnant du Combat des livres et couronné du Grand Prix de la relève Archambault. «C'était évidemment inespéré, confie-t-elle. C'est grisant. On n'imagine pas avoir un feedback aussi unanime, pour cette histoire qui est belle et dure en même temps. C'est un livre qui a trouvé des lecteurs un peu partout, et la plus belle chose, ce sont les commentaires des lecteurs. Un vieil homme m'a même dit: Si j'avais lu ce livre plus jeune, j'aurais peut-être été une meilleure personne.»

Professeure de littérature au cégep, Marie-Renée Lavoie aurait pourtant pu devenir chimiste. Étudiante douée qui récoltait les bourses, elle a étudié la chimie à l'université. «Mais j'ai fait comme dans le roman L'Adversaire d'Emmanuel Carrère, je ne me suis pas présentée à mes examens!», raconte-t-elle avec légèreté. Avec des conséquences beaucoup moins dramatiques: elle s'était enfin rendu compte qu'elle aimait écrire des histoires. Elle s'est donc inscrite en littérature.

Tendresse, humour, valeurs communautaires, c'est un peu ce que l'on retrouve et dans le discours de l'auteure et dans ses livres. Le syndrome de la vis, c'est l'histoire de Josée, aux prises avec de sérieux problèmes d'insomnie. Dans sa solitude, elle discute avec le fantôme de son père, mais c'est au contact des autres, particulièrement des résidants de son immeuble, qu'elle remonte tranquillement la pente.

Au départ, Marie-Renée Lavoie voulait écrire une pièce de théâtre qui raconterait une nuit dans la vie d'une insomniaque, mais elle a eu envie de s'entourer de personnages, l'insomnie chronique étant un phénomène difficile à décrire, et encore plus à comprendre de la part de l'entourage. «C'est difficile parce que tout le monde dort!», souligne la jeune femme qui souffre de ce mal depuis l'enfance, n'arrivant à bien dormir qu'à coups de trois ou quatre heures. «Les gens qui dorment voient ce problème de façon très simple, ils te donnent plein de conseils, prendre des oméga-3, des tisanes, mais c'est une mécanique particulière du cerveau.»

Ce qui explique cette espèce de spleen qui traverse tout le roman. Josée est constamment à côté de ses pompes. Elle a trop le temps de penser. Et l'angoisse s'ajoute naturellement. L'impression d'avoir manqué sa vie, d'avoir raté les choses importantes. Mais ce sont les petites choses, au final, qui la ramèneront un peu dans la vie réelle et qui lui permettront de laisser aller le fantôme de son père, qui n'aura été là que le temps qu'elle accepte son deuil.

Un deuil que Marie-Renée Lavoie a vécu, ayant elle-même perdu son père il y a quelques années. Le cancer. La famille a fait en sorte qu'il puisse mourir à la maison en organisant des horaires de veille. «Lorsqu'il est mort, sur le coup, nous n'avions pas de peine, parce que nous étions contents d'avoir fait une belle job. Nous étions trop dans l'action pour avoir de la peine. C'est ensuite que les questions arrivent. Est-ce que nous avons tout fait? Est-ce que nous aurions pu faire mieux? Ce sont des questions qui m'ont hantée longtemps.»

Il y a un grand amour de la famille et des autres chez Marie-Renée Lavoie, et qu'elle veut transmettre dans ses romans. «La seule chose qui reste vraie, c'est un peu la communauté, la famille, le lien avec les autres. C'est quelque chose en quoi je crois beaucoup. Je me suis trouvé un petit voisinage à Montréal, nous faisons des 5 à 7 de ruelles toutes les semaines, ce qui recrée un peu l'effet de village. Quand on se demande si on devrait vendre pour aller dans un autre quartier, pour avoir une plus belle terrasse, plus d'espace, je me dis que non. Ce qui m'intéresse, c'est d'avoir ce monde-là autour de moi. Je ne pensais pas que j'allais réussir à me faire un esprit de village aussi important et aussi fort. C'est ce sentiment que j'ai mis un peu dans le personnage de Josée.»

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Le syndrome de la vis. Marie-Renée Lavoie. XYZ, 211 pages.

Marie-Renée Lavoie sera invitée d'honneur au Salon du livre de Montréal.