Les sagas des Soeurs Deblois (quatre tomes, tous publiés en France) et des Mémoires d'un quartier (qui sera lancée en France en 2012), qui en est à son huitième tome, lui ont fait atteindre les sommets des palmarès québécois, d'où elle redescend rarement. Avec ses milliers de pages écrites et ses neuf enfants, Louise Tremblay-d'Essiambre est une force de la nature.

Q Avant de vous lancer dans une saga qui s'étendra sur des milliers de pages, vous mettez beaucoup de temps à déterminer quel en sera le sujet? Vous n'avez pas peur de vous en lasser en cours d'écriture?

R La saga actuelle comptera plus de 3000 pages. Oui, ça fait peur et oui, j'ai la hantise de l'écran vide assez souvent. Pour y arriver, je crois qu'il faut faire confiance à ses personnages. Ils ont chacun leur vie et c'est à eux de me la raconter! Pour ce qui est de me lasser, je ne crois pas que ça puisse arriver. Tous les personnages avec qui je travaille sont un peu comme des amis. Ils font partie de ma vie, tout comme ma famille.

Q Qu'est-ce qui explique le succès de vos romans: les dialogues, les personnages, la trame narrative?

R Je crois que ce que les gens aiment, c'est la simplicité des sujets. Souvent, on m'écrit pour me dire qu'on se reconnaît à travers les histoires et les personnages. Quand les gens se sentent interpellés, ils s'attachent au récit et aux personnages.

Q Dans Laura la suite, vous abordez le thème de la violence conjugale. C'est important pour vous d'intégrer des sujets plus sérieux dans vos oeuvres?

R J'aborde souvent des sujets tabous. Si dans Laura la suite on parle de violence psychologique et de dépendance affective, dans Antoine on parlait de sévices sexuels chez un enfant. Même si ces sujets sont plus difficiles, ils font quand même partie de la vie de tous les jours pour certaines personnes et je crois important d'en parler.

Q Vingt-neuf romans, plus d'un million d'exemplaires vendus, ces chiffres vous donnent le vertige?

R Oui. C'est surtout un grand défi de ne pas décevoir tous ces lecteurs. Leurs attentes sont parfois très grandes et il arrive souvent que pour plaire à l'un, on déplaise à l'autre. J'essaie de rester moi-même à travers les mots et les histoires.

Q Deux livres publiés par année, c'est beaucoup. À quel rythme écrivez-vous?

R Deux livres par année, c'est énorme! Si je me suis lancée dans une telle aventure, c'était pour faire plaisir aux lecteurs qui en redemandent. C'est la première fois que je le fais et ça sera la dernière aussi. C'est épuisant. Heureusement, cette série tire à sa fin et je vais entreprendre la prochaine sur un rythme plus lent. Présentement, j'écris presque tous les jours, de six à huit heures par jour!

Q Qui sont vos lecteurs?

R Si, à mes débuts, mon lectorat était composé presque exclusivement de femmes adultes, aujourd'hui, les hommes me sont fidèles à leur tour! Environ 20% de mes lecteurs sont masculins. Quant à l'âge, l'éventail s'est agrandi. Je dirais qu'on commence à me lire vers 17 ans et à l'autre bout, il n'y a pas de limite!

Q En ce moment, sur quoi travaillez-vous?

R Je suis en train de terminer les Mémoires d'un quartier. Présentement, Antoine, la suite est en correction et moi, et j'écris Évangéline, la suite. Ensuite, je vais m'offrir quelques semaines de repos avant de donner une suite à la courte série La dernière saison. Initialement, elle ne comportait que deux tomes. Mais je crois qu'un troisième s'avère nécessaire. Pour ceux qui ont lu Jeanne et Thomas, ils comprendront aisément que les enfants de Jeanne ont droit à la vérité!