Mercredi soir, le Club Soda foisonnait de monde, mais aussi de vieux jeux vidéo, d'antiques pinballs et de jeunes super musiciens: c'était le lancement du très bon album La dernière des arcades de Jonathan Painchaud. Un disque qui possède plein de super-pouvoirs, de vies, de niveaux, de personnages, de zones secrètes, de bonus, de boss à détruire, bref un album gagnant. Vous pouvez peser sur play quand vous voulez...

Commençons par raconter un moment un peu gênant: quand Jonathan Painchaud a évoqué Okoumé pendant notre entrevue, j'ai cherché pendant quelques secondes de quoi il parlait. Pas du tout parce que le groupe Okoumé (1995-2002) me déplaisait. Mais parce que le troisième album solo de Painchaud est tellement solide, bien fait et superbement écrit que j'avais complètement oublié la précédente vie du chanteur. Désolée...

C'est que Jonathan Painchaud ne s'est pas contenté de «pousser de la fonte» depuis la sortie de son précédent album. Il a manifestement travaillé fort pour trouver des rimes à la fois riches et simples, des mélodies fortes, des arrangements rock subtils, des atmosphères différentes et pourtant cohérentes pour toutes ses nouvelles chansons - et son frère Éloi signe une fois de plus une réalisation impeccable.

Il en résulte un album où, oui, il est beaucoup question de nostalgie de l'enfance et de l'amitié d'antan - c'est un des traits communs à sa génération, dite Passe-Partout: des Cowboys fringants à David Jalbert, de Kaïn à Mes Aïeux, tous se penchent sur une ère bénie, leur enfance, peut-être parce que la décennie 80 a été la dernière à vivre au temps présent, et non en accéléré?

Quoi qu'il en soit, Painchaud parle de nostalgie et du passé de façon sensible, de telle manière que même ceux qui ne sont pas de sa génération s'y retrouveront - notamment tous les fans de Bruce Lee et Chuck Norris!

«C'est vrai que je parle beaucoup du passé, et c'est d'autant plus bizarre que mon présent est fucking intéressant, reconnaît le chanteur. Par contre, ça ne sert à rien de le nier: chaque fois que je rencontre des amis de longue date, on part sur le mode «te rappelles-tu», pis on en rajoute de fois en fois: les partys étaient plus intenses, les filles étaient plus belles... C'est presque devenu un exercice de style entre nous, contagieux, en plus. C'est peut-être parce que mes parents sont de la dernière vraie génération de hippies: ce n'était pas des preneux de photos ou de films. Chez nous, ça se raconte avec des mots, notre enfance...»

Dans ses chansons, Painchaud dépasse le stade du «je» pour camper plutôt des personnages, des lieux, une certaine atmosphère. «Écoute, mes modèles, c'est Jacques Brel - t'écoutes Ces gens-là et tu vois toute la scène - , ou Renaud, ou Plume, ou Tom Petty. J'essaie tellement de tendre vers la simplicité quand j'écris... Je viens d'une famille d'artistes, d'intellos, une famille «hors norme» aux Îles-de-la-Madeleine, entre ma mère qui avait sa maîtrise et mon père (ndlr: le regretté Alcide Painchaud) qui avait l'air d'un jeune père Noël qui ferait de la musique traditionnelle. À l'école, j'étais un peu considéré comme un "étrange" parce que j'aimais les mots, ça détonnait. Mais ça ne me dérangeait pas, je m'en suis même servi pour me défendre, des mots. Seulement, en même temps, j'ai toujours voulu faire partie des autres. J'essaie d'écrire pour être à la fois moi-même et tout le monde.»

Il y aurait bien d'autres choses à dire sur cet album de Jonathan Painchaud. Par exemple, à quel point il est primordial pour lui que les gens adoptent ses chansons, «qu'ils en fassent la trame sonore de leur été, de leurs vacances, de leur adolescence», lui qui se considère déjà «très privilégié de faire partie des hits d'adolescence de toute une génération qui a maintenant des enfants» Mais on va plutôt terminer sur une trop bonne anecdote d'enfance: «Ados, moi et mon chum tatoueur (pour qui la nouvelle chanson Dans le sang et l'encre a été écrite, en passant), on est devenus servants de messe juste pour avoir des toges blanches qu'on utilisait pour faire du lipsynch d'Ozzy Osbourne!»

Ce genre d'histoire, ça fait passer à un autre niveau.