Serge Chapleau vient de lancer son recueil annuel de caricatures, une occasion pour discuter avec lui de son boulot si particulier. «Le seul pouvoir d'un caricaturiste est celui de pouvoir insister, répéter, grossir, chatouiller, nous dit-il en nous accueillant dans son antre, au deuxième étage de La Presse. C'est surtout un privilège de pouvoir gagner sa vie en faisant des grimaces.» Nous avons décortiqué avec lui quelques-unes de ses caricatures de 2014, histoire de démythifier un peu son travail.

Robin Williams

Caricature 1 : La mort de personnalités connues n'est jamais facile à illustrer, admet Serge Chapleau. «C'est souvent une journée où le caricaturiste a envie de rester couché.» Il l'avoue, il adorait Robin Williams, et la nouvelle de son suicide l'a touché. «Ce jour-là, j'ai d'abord regardé les photos de lui, partout sur le web. Et je me suis rendu compte que s'il n'était pas en représentation, on ne le voyait jamais en train de rire ou de sourire. Il avait naturellement le sourire à l'envers et je l'ai donc dessiné avec un air triste. Mais il fallait aussi un côté caricature... J'ai alors eu ce flash du visage de clown imprimé par-dessus le sien. J'étais très content de l'effet, mais il y a des soirs où je suis pas mal moins fier... C'est pour ça que c'est difficile d'évaluer combien de temps ça prend, faire une caricature. Parce que ça ne se calcule pas comme ça.»

La saga Bernard Drainville et la Charte

Caricature 2 : «Je remercie ces étranges personnages que sont les politiciens, qui se lancent pour la vie, qui savent qu'ils vont se faire frapper à la moindre gaffe... Bernard Drainville, quand il a lancé son projet de charte, c'était merveilleux! C'est pour ça que je l'ai dessiné en Femen, fier de lui, convaincu.»

Caricature 3 : «Le titre de ce projet de charte, ça ressemble à la question du référendum. Mais Drainville est encore radieux, il a les joues rouges, on l'a rarement vu souriant comme ça. Quand une histoire de ce genre commence, on ne sait pas jusqu'où ça va aller, à quel point ça va nous nourrir. Mais oui, c'est du bonbon. Et merci, parce qu'on ne trouve pas les idées tout seul.»

Caricature 4 : «La saga continue, c'est à l'intérieur du PQ que ça se passe maintenant. Le mégaphone de Drainville ne marche pas, c'est Lisée qui a enlevé les batteries. Jean-François Lisée est extrêmement difficile à dessiner, parce qu'il a plusieurs personnalités. Mais une chose ressort, c'est son côté pédant.»

Caricature 5 : «Cette fois, Pierre Karl Péladeau arrive, et plus personne ne s'occupe de Drainville. Après les élections, il a dit qu'il aurait été prêt à des amendements... Moi, je ne crois plus rien de ce que les politiciens disent. J'observe, je regarde, je suis toujours étonné de voir qu'ils pensent qu'on ne voit pas clair dans leur jeu.»