N'en déplaise à ses plus ardents partisans, Barack Obama ne marche pas sur l'eau. C'est ce que les dernières années ont permis de constater. Et c'est ce qui explique pourquoi le président américain lutte actuellement pour sa survie politique.

Cela dit, le premier président noir des États-Unis demeure un politicien aussi charismatique que fascinant. Force est de constater que l'envie d'en savoir plus sur lui - et sur la façon dont il a pu se retrouver à la Maison-Blanche et dont il pourrait en être chassé le 6 novembre prochain - est forte lorsqu'on remarque le déluge d'essais parus au cours des dernières semaines en librairie à son sujet et à propos de l'élection présidentielle.

De tous ces livres, celui qui a fait le plus grand bruit est sans doute l'essai de Ron Suskind Obama, la vérité (Confidence Men). Paru en anglais en 2011, il a été écrit avec un objectif ambitieux: résumer la crise financière de 2008 aux États-Unis, en déterminer les causes et en mesurer l'impact. Ensuite, raconter la façon dont la Maison-Blanche a réagi à la catastrophe.

Cet ancien journaliste du Wall Street Journal qualifie d'entrée de jeu l'accession de Barack Obama à la Maison-Blanche de «l'équivalent pour la démocratie du jour ou l'homme a marché sur la Lune».

Mais plus on avance dans l'essai, plus les bons mots se font rares.

Obama «n'était pas prêt pour le job qui l'attendait», écrit Suskind. Il n'avait ni les compétences en matière de gestion ni le leadership nécessaires pour prendre la tête de «l'organisation la plus complexe de la planète».

Il lui reproche tout particulièrement le choix de l'équipe économique qui a tenté de remettre le pays sur les rails au début de son mandat. Tim Geithner comme secrétaire au Trésor et Larry Summers à la tête du Conseil économique national.

Ces hommes trop proches de Wall Street ont poussé le président, affirme Suskind, à prendre les mauvaises décisions. Par-dessus tout, Summers, vieux routier qui, avec sa croyance aveugle dans «l'efficacité des marchés», était à la source de décisions (prises sous Bill Clinton) ayant ouvert la voie à la crise.

Le livre comporte toutefois deux faiblesses. Premièrement, contrairement à son essai précédent - La guerre selon Bush, qui se lisait comme un roman -, ce nouvel ouvrage manque de souffle. Suskind aurait été plus efficace s'il avait mis de côté les longues pages sur la genèse de la crise financière. Cela lui aurait aussi permis d'offrir un portrait plus juste de la présidence d'Obama en abordant, notamment, la politique étrangère et la sécurité nationale.

Deuxièmement, comme nous avons accès à ce livre en français à la toute fin de l'actuel mandat d'Obama et qu'il ne porte que sur le début de sa présidence, on le termine en se disant qu'on aurait voulu connaître la suite... tout de suite!

Suskind a d'ailleurs ajouté un épilogue de sept pages sur Obama, rédigé en juillet 2012, pour indiquer que «de précieuses leçons durement inculquées ont aiguisé sa capacité à apprécier à sa juste mesure comment un président peut user de ses pouvoirs pour impulser le changement».

Voyons voir si les Américains, le 6 novembre prochain, donneront la chance au président démocrate de se servir de cette expérience chèrement payée.

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Obama, la vérité. Dans les coulisses de la Maison-Blanche. Ron Suskind. Saint-Simon, 401 pages.

D'autres livres

> Dans les pas d'Obama

Malgré son aspect brouillon - les chapitres ne sont pas nécessairement présentés en ordre chronologique - cet essai sur la présidence de Barack Obama a quelque chose de fort sympathique. Le journaliste de l'Agence France-Presse Tangi Quéméner est le seul reporter non anglophone à suivre le président américain au quotidien. Et à le lire, on constate qu'il se sent, à la Maison-Blanche, comme un enfant dans une confiserie. Un ouvrage sympathique qui permet d'en comprendre autant sur Obama que sur le travail des journalistes qui couvrent sa présidence.



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Dans les pas d'Obama. Tangi Quéméner. JC Lattès, 396 pages.


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> Amérique, Années Obama

Corine Lesnes est correspondante à Washington pour le journal Le Monde. Elle en connaît beaucoup à la fois sur l'histoire des États-Unis et sur celle des présidents américains. Elle a une solide faculté d'analyse jumelée à une bonne plume. «Pas facile de retrouver le grand souffle de l'histoire quand il est passé», écrit-elle pour résumer les années Obama. Seule déception, il s'agit d'un recueil de chroniques qui ont presque toutes déjà été publiées dans Le Monde et certaines ont moins bien résisté à l'usure du temps.

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Amérique, Années Obama. Corine Lesnes. Philippe Rey, 368 pages.

> Comprendre les élections américaines



Comment devient-on président? Le système électoral américain «est-il vraiment démocratique»? Pourquoi le taux de participation sera-t-il cette année encore «l'une des clés de l'élection»? Depuis plusieurs années - et presque autant de livres -, Élisabeth Vallet, qui enseigne à l'UQAM, braque ses projecteurs sur la politique américaine. Avec un désir de vulgarisation apparent. Mission accomplie une fois de plus avec ce petit essai éclairant, à lire de préférence avant le scrutin.

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Comprendre les élections américaines. Élisabeth Vallet. Septentrion, 186 pages.

> Sexe, fric et vote

«Un livre sérieux qui ne se prend pas au sérieux.» C'est la formule souvent utilisée par Alexandre Sirois, chef de la section monde à La Presse, et Richard Hétu, correspondant à New York, pour décrire leur livre Sexe, fric et vote, Les clés de la Maison-Blanche. La formule est originale: il s'agit d'un abécédaire, qui comprend des infographies et des jeux-questionnaires (et même une recette de biscuits!), rédigé dans le but d'expliquer comment on devient président américain. On y parle donc tout autant de l'incontournable collège électoral et de ses grands électeurs que de l'importance pour un candidat de donner le goût aux électeurs américains d'aller prendre une bière avec lui!

Sexe, fric et vote, Les clés de la Maison-Blanche. Alexandre Sirois et Richard Hétu. Éditions La Presse.