Maurice Lecamp enseigne la littérature à des cégépiens numériques qui ont déjà tourné la page. Il vit avec une femme qui, travaillant à la nouvelle orthographe, a également le regard fixé vers l'avant. Mais Maurice s'obstine, s'acharne. Peu lui réussit: ni les étudiants, ni le mariage. Bref, tout fout le camp.

Malgré son brio intellectuel, le prof est, dans les faits, un dinosaure macho et grognon qui a manqué le bateau de la modernité.

France Boisvert fait d'une pierre trois ou quatre coups avec son premier roman depuis 1989, un livre savoureux, érudit et superbement ironique. Même si elle abuse parfois des jeux de mots et autres calembours, l'auteure nous convainc de l'importance de la langue comme lien social, comme lieu de connaissance et de progrès commun.

En même temps, elle se rit des vieux modèles dans lesquels certains, les hommes en particulier, se sont engoncés. Lucidité sensible et douce nostalgie se côtoient ici sans se chamailler.

C'est un vrai plaisir de lecture page après page, contenu et contenant. À ce sujet, le contenant de notre langue a bien changé depuis Tristan et Iseut (ou Iseult, Yseut, Yseult, Isolde, Ysolde), mais la langue française est toujours bien vivante. Elle change, nous aussi. Sauf Maurice Lecamp. 

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Professeur de paragraphe. France Boisvert. Lévesque éditeur. 159 pages.