James McBride, lauréat du National Book Award pour son roman L'oiseau du bon Dieu, ne propose pas ici une biographie ordinaire de celui qu'on surnomme le Parrain de la soul, James Brown.

Il avoue même qu'il s'agit d'une commande tombée dans une période difficile de sa vie, et il se demande ce qu'il peut bien ajouter aux nombreuses bios consacrées à l'artiste.

McBride décrit plutôt sa quête pour comprendre un homme rempli de paradoxes ayant passé sa vie à cacher qui il était vraiment, même aux gens les plus proches de lui.

C'est un grand reportage qui relève plus de l'essai sur l'importance de James Brown pour les Afro-Américains, et sur ce plan-là, le récit est plus que passionnant, en particulier lorsque McBride parle de musique, puisqu'il est aussi jazzman.

Disons que ça donne envie de se taper toute la discographie de Brown. On se retrouve ainsi avec un portrait approfondi d'un homme qui n'a jamais pu oublier son Sud natal, la pauvreté, la peur, et nous suivons le parcours d'une comète infatigable, une star cernée de toutes parts par les demandes, d'une générosité sans bornes, jusqu'à son héritage qu'on se dispute encore aujourd'hui alors qu'il voulait léguer toute sa fortune à l'éducation des enfants défavorisés - l'éducation étant l'une de ses obsessions.

On arrive facilement à la conclusion que Brown, malgré les débandades, surtout à la fin de sa vie, a carrément transformé l'Amérique noire presque à lui seul.

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Mets le feu et tire-toi. James McBride. Gallmeister. 320 pages.