Le journaliste parisien Karim Madani est allé fouiner dans les sombres recoins de la scène musicale underground de New York, de 1998 à 2010, et raconte en avant-propos de cet ouvrage avoir rencontré des êtres humains « incroyables » - crapules, dealers, braqueurs, toxicomanes, repris de justice.

Il en est ressorti avec des histoires tirées des taudis les plus sordides de la « jungle » de Brooklyn et du Queens, relatées sous la forme d'un roman captivant. À l'avant-scène, il y a les frères Ill Bill et Necro - qui s'évadent dans la musique ; Ethan, fraîchement sorti de la prison de Rikers ; et J.J. - alias Jewish Jane -, fondatrice d'un gang de filles : des ados blancs et juifs qui détonnent dans des quartiers à forte majorité latino ou afro-américaine, et que l'on suit en alternance de la fin des années 80 jusqu'au début des années 90.

Attachants ? Ils le deviennent rapidement. En particulier lorsque l'auteur leur donne la parole pour décrire le milieu impitoyable dans lequel ils ont grandi, mais également à travers leurs errances et combats, narrés dans un argot des cités qui fait revivre le slang des bas-fonds new-yorkais.

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Jewish Gangsta

Karim Madani

Éditions Marchialy

192 pages

Extrait

Les psychologues avaient tenté de comprendre sa cartographie mentale, essayé d'emprunter toutes ces autoroutes censées mener à un enfer familial, la drogue, la maltraitance, mais Ethan n'avait jamais été maltraité. Brooklyn était tout simplement toxique. Des gens s'intoxiquaient à l'amiante, lui c'était aux vapeurs du quartier. «N'oubliez pas d'où je viens. Trois kilomètres carrés où s'entassent plus de 28 000 personnes dans la concentration de HLM la plus forte des cinq boroughs de New York.»