Nous sommes dans une ville portuaire industrielle de la Bretagne, en déclin depuis que la fermeture de l'arsenal a mis une grande partie de sa population au chômage. Arrive le promoteur Antoine Lazenec avec un projet de rêve: la construction d'un luxueux complexe d'immeubles à appartements avec vue sur la mer.

Mais pourquoi, alors, Martial Kermeur l'a-t-il poussé dans l'eau lors d'une sortie en bateau? C'est ce que le quinquagénaire divorcé explique au juge responsable de son affaire, dans un long monologue poignant, qui oscille entre la naïveté et une lucidité douloureuse, et qui devient la trame narrative du livre.

Roman social et réaliste, Article 353 du code pénal est le portrait triste d'une société dont toutes les bases s'effritent, doublé de l'histoire très juste d'un homme sur lequel la guigne s'acharne.

Tanguy Viel démontre cependant que les deux sont liés, et décrit aussi très bien le mécanisme cruel des bandits à cravate, où se profile l'image des Bernard Madoff et Vincent Lacroix de ce monde.

On ne peut ainsi que compatir avec Kermeur, pris au piège de son impuissance, et saluer la capacité de l'auteur à faire dépasser ce roman noir de la seule accumulation de malchances.

Avec en prime une finale surprenante, vers laquelle il nous mène avec une logique implacable. Dur et brillant.

* * * 1/2

Article 353 du code pénal. Tanguy Viel. Les éditions de Minuit, 174 pages.