Rendre hommage à son sujet par le truchement d'un ouvrage costaud, c'est aussi savoir le critiquer, soulever ses travers, les confronter à ses tics et ses contradictions.

Comme le fait ici George Prochnik dans une biographie plus analytique et - même - diagnostique que chronologique, anecdotique ou glamour.

Zweig, écrivain juif d'origine autrichienne célébré partout dans le monde, a été engagé, avec la montée du nazisme, dans une fuite en avant à travers laquelle l'impossibilité d'échapper à son propre destin renvoie constamment à l'humanité occidentale qui bascule.

Prochnik montre avec force détails que son sujet, dans les dernières années de sa vie, a été constamment rattrapé par le présent. On ne parle pas uniquement de la situation politique, mais des tourments personnels de Zweig qui, visiblement, accepte mal de vieillir, notamment durant son exil à New York, ville de tous les possibles et des renouveaux.

Pas toujours facile de s'y retrouver dans ce travail où tout est analysé à travers une perspective historique, culturelle, sociale, etc. Il n'en demeure pas moins que celui-ci demeure férocement pertinent pour mieux saisir les batailles de l'auteur de La confusion des sentiments

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L'impossible exil - Stefan Zweig et la fin d'un monde. George Prochnik. Grasset, 448 pages.