Quel est cet étrange appartement sans fenêtres, à l'intérieur «capitonné», que deux hommes viennent rénover avant que son occupant n'en soit expulsé? Après avoir traîné dans les parcs et les bibliothèques publiques, tout porte à croire, selon les premiers indices, que le protagoniste atterrit dans un hôpital psychiatrique.

Dans «le Centre», un dortoir, des règlements, des questionnaires, des tests et un programme afin de régir l'intégration du nouvel arrivé. On découvre peu à peu que cet énigmatique personnage est un mésadapté social, anxieux et fragile, qui éprouve un grand besoin de solitude. Lorsqu'une nouvelle entente entraîne la construction d'un parc de loisirs à l'orée du bois, on commence à distribuer les emplois non rémunérés.

Embrigadement, absence de révolte, ségrégation, automatisation qui crée des pertes d'emplois: l'auteur conçoit un milieu qui ressemble fort bien à l'ébauche d'une dystopie du marché du travail, où le salarié doit constamment se battre pour améliorer une condition dont la conclusion pourrait n'être... que le vrai commencement.

Ce premier roman intrigant porte un regard audacieux sur le sens du labeur et la liberté illusoire de l'individu dans l'entreprise privée - qu'un lien ténu, pourrait-on déduire, distinguerait en fait de l'asile.

* * *

Rénovation. Renaud Jean. Boréal. 144 pages.