Poétique et plein de fantaisie, ce nouveau roman de l'auteure islandaise qui a signé l'inoubliable Rosa candida aborde du même ton pétillant le quotidien d'une adolescente solitaire et rêveuse, aux jambes invalides.

Ágústína traîne ses béquilles sur la plage de sable noir ou dans la forêt de rhubarbe qui surplombe le village, comme un oiseau «prisonnier d'un rouleau de fil de fer». Malgré son handicap - un mot qui ne sera cependant jamais prononcé -, la résiliente jeune fille caresse le projet de gravir l'imposante montagne dont elle se plaît à contempler le sommet, tête à l'envers.

Au fil des saisons rythmées par les traditions culinaires de son ange-gardienne, la vieille Nína, Ágústína échange ponctuellement, par voie épistolaire, avec sa mère, âme errante qui poursuit sa quête existentielle sur les traces des oiseaux migrateurs.

De l'enseignement maternel se profile une magnifique métaphore sur la féminité - la femme étant, comme l'oiseau, mue par un désir d'ailleurs. Telle une fable, cette escapade onirique et enivrante au-dessus des rivages d'Islande et de ses sommets ombragés rend vie à l'adage voulant que «le seul vrai voyage consiste à surmonter ses propres obstacles, à atteindre la cime de sa propre montagne». 

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Le rouge vif de la rhubarbe. Audur Ava Ólafsdóttir. Zulma. 160 pages.