Ce nouveau roman du très prolifique Philippe Djian, qui porte un vers de Rimbaud en guise de titre, met en scène des êtres froids et désincarnés comme on en trouve dans les univers pervertis que l'écrivain français sait créer.

C'est ainsi sans surprise et sans ambages que l'on fait connaissance avec Myriam, une jeune fille «introvertie, complexée, meurtrie, inconsolable», à ce point indifférente face à sa propre vie qu'elle épouse à 18 ans son premier amant, un voisin qui a plus du double de son âge.

Myriam, l'enfant sauvage, devient une femme et une mère, mais elle ne sait pas résister au besoin «de se défoncer» lorsque d'anciennes douleurs se réveillent et que les vieilles blessures se rouvrent.

Relations familiales toxiques, abus de drogue, infidélités à l'excès et désir à la limite répugnant d'hommes d'un certain âge pour de toutes jeunes filles meublent les pages et rappellent des romans comme Impuretés.

Ce n'est pas la première fois que Djian prend le point de vue d'un personnage féminin (on pense notamment à Michèle, dans Oh...), et on peut lui accorder dans ce cas une nouvelle réussite étourdissante, écoeurante par moments, mais ô combien cinglante.

* * *

Dispersez-vous, ralliez-vous! Philippe Djian. Gallimard. 208 pages.