Il est difficile de croire que Le chagrin des vivants est un premier roman, tant il est maîtrisé dans sa forme et dans sa langue. Mais Anna Hope, comédienne britannique que l'on a vue dans la série Doctor Who, réussit de façon magistrale son entrée en littérature.

Les vivants du titre, ce sont des vivantes. Trois femmes que l'on suit pendant cinq jours, en novembre 1920. Cinq jours comme cinq parties. Londres regarde vers la France, d'où sera rapatrié le Soldat inconnu. Celui qui symbolisera tous les autres, tombés au front.

Il y a Evelyn, dont le fiancé a été tué. Il y a Ada, dont le fils a disparu et, elle le sait, ne reviendra pas. Il y a Hettie qui, chaque soir, danse avec les anciens soldats, les amputés, les gueules cassées, les traumatisés. Des destins qui se frôlent. Qui convergent. Qui se croisent. Qui disent la douleur et le deuil de tout un pays.

Par la structure, la langue, le poids des mots et la charge des émotions, on pense aux Heures de Michael Cunningham. Autre époque, autre continent, autre milieu, impact aussi fort. Le chagrin des vivants est un livre précieux. De ceux, plutôt rares, que l'on relira.

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Le chagrin des vivants. Anna Hope. Traduction d'Élodie Leplat. Gallimard, 383 pages.