Ils sont de passage à Lisbonne pour tuer le temps, cultivant l'espoir que l'exil pourrait apaiser leurs névralgies. Dans le hall de l'hôtel où ils séjournent, ils se croisent à plusieurs reprises avant qu'il ne se décide à l'aborder, intrigué par la profonde apathie de cette femme indolente.

Ainsi naissent leurs échanges intimes, à la fois attendus et rédempteurs. Comme deux éclopés sentimentaux ayant perdu l'être qui leur était le plus cher, ces accidentés de l'amour développent un lien d'interdépendance au fil de leurs confidences, l'un soutenant l'autre dans sa peine.

Les habitués du très prolifique Philippe Besson se retrouveront rapidement dans la prose lyrique de l'écrivain français, mais ce nouveau roman n'a pas la force de précédentes oeuvres comme Une bonne raison de se tuer.

Les passants de Lisbonne rappelle plutôt la langueur mélancolique et envoûtante d'Un homme accidentel, le spleen prenant ici des accents portugais surnommés «saudade» dans la chaleur assommante de la ville portuaire.

Certes, Besson demeure maître dans l'art d'user le verbe pour disséquer la souffrance à divers degrés. Or, une superficialité excessive nous laisse dans ce cas avec le sentiment de n'avoir effleuré qu'une brève parenthèse dans la vie de deux passants.

* * *

Les passants de Lisbonne. Philippe Besson. Julliard, 192 pages.